Le Paranormal & Enquêteur paranormal

Paranormal

Le paranormal est un terme utilisé pour qualifier un ensemble de phénomènes supposés qui ne sont ni observables, ni explicables scientifiquement. Ces phénomènes paranormaux sont l'objet d'étude de la parapsychologie. Le préfixe « para » désignant quelque chose qui est à côté, en marge de la « normale », laquelle peut faire référence au consensus scientifique ou la normalité. Puisque ces dits phénomènes n'ont aucune preuve d'existence, l'imagination et les suppositions ont le champ libre.

Les initiateurs de la parapsychologie se sont donné comme objectif d'étudier d'une manière scientifique ce qu'ils considèrent comme des perceptions extra-sensorielles et de la psychokinèse. Malgré l'existence de laboratoires de parapsychologie dans certaines universités, notamment en Grande-Bretagne, mais aussi en France, le paranormal peut être considéré comme un sujet d'étude peu sérieux, et la parapsychologie une pseudo-science. Néanmoins il semble que davantage d'universitaires s'y intéressent, notamment grâce aux progrès de la psychologie cognitive et des neurosciences

Phénomènes dits paranormaux

Il existe un ensemble de phénomènes supposés qui sont qualifiés de paranormaux :

Le concept de Psi est un concept utilisé en parapsychologie et qui regroupe à la fois les phénomènes de perceptions extra-sensorielles (PES) (télépathies, prémonitions, etc.) et la psychokinèse ;

Le magnétisme dit « animal », la géobiologie, la divination (cartomancie, voyance) ;

Les expériences de mort imminente (qui désignent, selon les tenants du paranormal, des souvenirs de vécus spécifiques lors de mort clinique, nous noterons toutefois que ce domaine improprement nommé n'est pas considéré comme paranormal par les neuroscientifiques) ;

Les différents moyens de communication avec les morts : (médiumnité, nécromancie), les voix électroniques ; le OuiJa ; l'écriture-automatique ;

Les apparitions de l'au-delà (fantômes, revenants, ectoplasmes, poltergeists, guide spirituel, vision de « l'après-vie », esprits, fantômes de Marie. etc. ;

Les cas de maisons hantées ou d'obsession par des « génies » ou « esprits ».

Le phénomène ovni et ses dérivés (cercle de culture).

Le paranormal, dont les causes sont inexpliquées, peut être différencié du surnaturel dont les causes sont considérées divines

Théories

Déjà les anciens Grecs avançaient des hypothèses sur ce qui serait paranormal. Les pythagoriciens croient l'air empli de démons. Démocrite expliquait les rêves par la pénétration au travers des pores du rêveur des « images » qui sont continuellement émises par des objets, dont les personnes vivantes. Il croyait aussi que les images véhiculent des représentations de l'activité mentale, des pensées, des caractères et des émotions des personnes qui leur ont donné naissance et, chargées de la sorte, elles ont le même effet que les agents vivants. Platon expliquait la divination par la « folie divine ». Il existe quatre « folies » : amoureuse, poétique, mystique et prophétique (Phèdre, 244 sq.). Il associe la divination et l'âme irrationnelle (Phèdre, 242c ; Timée, 71de). Aristote a changé de vues sur le sujet. Jeune et proche de Platon, dans le dialogue Sur la philosophie (fragment Ross 12a), Aristote admet la précognition et suit Platon en l'attribuant à une capacité innée de l'âme, qu'elle s'exerce soit quand elle se retire du corps lors du sommeil, soit quand elle s'apprête à abandonner le corps à la mort. Dans Éthique à Eudème, il fait remonter le succès dans la divination à une source irrationnelle « supérieure à l'esprit et à la délibération » ; il associe la capacité de l'esprit à faire des rêves véridiques au tempérament mélancolique (124a38). Dans sa Poétique (145b5) il tient la divination pour un don des dieux. Dans son dernier essai sur le paranormal, De la divination par les songes (464a), Aristote avance une théorie non atomiste, celle de stimuli externes transmis par des ondes, théorie fondée sur une analogie avec les perturbations qui se propagent dans l'eau ou dans l'air.

Les stoïciens défendent le panpsychisme. Le monde est un mélange total (krâsis di'holôn) d'un principe passif et d'un principe actif, tous deux corporels. Le principe actif est souffle, esprit (pneûma), cause, dieu, raison (logos), destin. Les stoïciens développent la théorie des sympathies et du destin. Poseidonios mêle les théories : innéisme, animisme, providentialisme. « Posidonius est d'avis que les hommes rêvent sous l'action des dieux de trois manières. D'une part, l'âme prophétise d'elle-même du fait de ses affinités avec les dieux. De plus, l'air est plein d'âmes immortelles, sur lesquelles apparaissent comme de claires empreintes de la vérité. Enfin, les dieux s'entretiennent eux-mêmes avec le mortel endormi. » (Cicéron, De la divination, I, 59). Plutarque, examinant le « démon » de Socrate, émet l'hypothèse que les êtres spirituels, quand ils pensent, provoquent des vibrations dans l'air qui permettent à d'autres êtres spirituels, ainsi qu'à certains êtres doués d'une sensibilité hors du commun, d'appréhender leurs pensées. Plotin reprend la théorie des sympathies, sans le matérialisme stoïcien. Durant le Moyen Âge chrétien, le paranormal est lié aux démons, au diable. Dès 150, saint Justin attribue la magie et la divination aux démons (Apologies, I, 5). Paracelse avance des hypothèses multiples et embrouillées, dont celle de « lumière astrale ». Franz-Anton Mesmer, en 1779, développe la théorie du magnétisme animal. Il existerait « une influence mutuelle entre les corps célestes, la terre et les corps animés ».

Une fameuse querelle, en 1884, oppose deux médecins, Jean Martin Charcot, professeur à la Salpêtrière de Paris, à Hippolyte Bernheim, de Nancy. Charcot admet l'hypnotisme. Bernheim tient l'hypnotisme pour une simple suggestion acceptée par le cerveau. Un grand théoricien paraît avec Frédéric W. H. Myers, auteur de La Personnalité humaine (1903, trad. abrégée 1905). Il émet l'opinion qu'un courant de conscience roule au-dedans de nous, au-dessous du seuil de la vie ordinaire, et que cette conscience embrasse des pouvoirs inconnus, dont les phénomènes hypnotiques nous offrent un premier exemple. Avec Allan Kardec, le spiritisme propose sa propre conception du paranormal, centrée sur les esprits des défunts. Le livre des esprits date de 1857. La métapsychique commence avec William Crookes, prix Nobel de chimie 1907. On lui doit Experimental investigations on psychic force (1871), trad. : Recherches sur les phénomènes du spiritualisme (1878). Le 20 février 1882 est fondée la Society for Psychical Research, avec F. Myers, C. C. Massey, le philosophe Henry Sidgwick. La parapsychologie naît en 1934 avec Joseph Banks Rhine, et une méthode expérimentale plus rigoureuse. Rhine crée l'expression « perception extra-sensorielle ».

Plusieurs savants, dont Olivier Costa de Beauregard lors du fameux colloque Science et conscience à Cordoue en 1979, cherchent du côté de la physique quantique. Ils retiennent du quantisme son indéterminisme, l'interaction entre observateur et observé (relations d'incertitude de Heisenberg), le paradoxe EPR (Einstein, Podolski, Rosen, 1935). Selon Rupert Sheldrake, l’esprit ne s’identifie pas avec le cerveau, mais s’étend au-delà de l’organe physique sous la forme d’un champ de perception produit par l’activité cérébrale. L’esprit est enraciné dans le cerveau mais n’y reste pas confiné et constitue un champ sensible qui interagit avec l’environnement. S’il en est ainsi, l’objet vu ne peut manquer d’être influencé par cette observation, ce qui est effectivement vérifié par l’expérience. Or, il s’agit là, d’une forme de communication, habituellement qualifiée par Joseph Rhine d’« extrasensorielle » (1934). Les expériences présentées par R. Sheldrake dans son dernier livre Le Septième Sens (2006) confirmeraient que l’homme est capable de percevoir le « poids » d’un regard dirigé sur lui, même à travers une vitre, dans le reflet d’un miroir ou par l’intermédiaire d’un circuit vidéo. Il rapproche le concept de télépathie des mouvements de groupes d’animaux (bancs de poissons ou vols d’oiseaux). Sheldrake pense que ces groupes baignent dans un même champ de conscience, selon le modèle morphogénétique, qui les unit par ce même type de sensibilité qui nous fait percevoir le regard d’autrui pose sur nous.


 

Point de vue de la communauté scientifique

La communauté scientifique peut considérer l'étude des phénomènes paranormaux comme de la pseudo-science. Toutefois, longtemps marginalisée, l’étude des expériences inexpliquées trouve désormais une place dans les milieux académiques, avec des recherches en conditions expérimentales et contrôlées, notamment dans les domaines de la psychologie cognitive et des neurosciences. Le scepticisme, la zététique, et l'approche scientifique rappellent la nécessité de démontrer de l'existence de tels phénomènes. Aucun prétendu détenteur de pouvoirs paranormaux n'a pu remporter le défi zététique international et à ce jour, il n'a jamais pu être démontré que ces phénomènes ou ses pouvoirs, hors de ce que la science pourrait démontrer, existaient. Faute de démonstration scientifiquement fiable, il s'agit de croyances en l'existence de phénomènes paranormaux, ou bien simplement d'erreurs de jugement ou de perception. Les ressorts psychologiques des réactions d’individus face aux paranormal sont étudiés.

 

Fantôme

Un fantôme est une apparition, une vision ou une illusion, interprétée comme une manifestation surnaturelle d'une personne décédée.

Les fantômes sont également appelés revenants, spectres ou, plus rarement, ombres. Toutefois les termes ne sont pas rigoureusement synonymes : un revenant est l'apparition d'un mort connu, dans une apparence identique à celle qu'il avait de son vivant et qui se comporte comme un vivant, tandis qu'un fantôme est une image floue, lumineuse, brumeuse et inconsistante, qui paraît flotter au-dessus du sol. Les fantômes peuvent prendre un nom spécifique en raison de leurs origines et de leurs caractéristiques, tels les lémures romains ou les wilis slaves.

On qualifie souvent de « fantôme » le phénomène connu sous le nom de poltergeist, ou « esprit frappeur », qui se manifeste par des bruits et des déplacements inexplicables d'objets, et qui est généralement lié à la présence d'un enfant perturbé, mais n'implique pas de lien avec un défunt.

Le terme « fantôme » est fréquemment associé à d'autres formes d'apparitions, telles qu'auto-stoppeuse fantôme, vaisseau fantôme ou dirigeable fantôme. Par extension, le terme est souvent ajouté à des noms de choses matérielles abandonnées (ville fantôme, stations fantômes du métro de Paris), disparues (membre fantôme, île fantôme), ou échappant à la perception directe (cabinet fantôme, énergie fantôme, alimentation fantôme), clandestines (détenus fantômes). Dans les archives et les bibliothèques, on laisse une « fiche fantôme » à la place d'un document retiré d'un fonds jusqu'à son retour.

Étymologie

Le nom « fantôme » dérive du grec ancien φάντασμα, transcrit en phantasma en latin. Il a été ensuite repris d'une version méridionale fantauma, pour se fixer en fantosme au XIIe siècle, puis ultérieurement en fantôme par transposition classique du sens. Ses origines sont identiques à celles de fantasme. Il désigne initialement une illusion avant de prendre, en 1165, son sens courant actuel .


 

Apparence

Selon le professeur Charles Richet : « les fantômes, sauf de rarissimes apparitions d’animaux, ont une forme humaine, vêtus des vêtements qu’ils portaient à l’époque de leur vie terrestre. Tantôt ils ont l’apparence parfaite de la vie, tantôt ils sont transparents et nuageux comme des ombres ; généralement ils semblent entrer par une porte, et poursuivre leur route jusqu’à une autre chambre, où ils disparaissent. Souvent ils naissent à l’improviste et se résolvent en vapeur, en passant à travers les murs et les portes closes. Tantôt ils marchent, tantôt ils sont comme suspendus dans l’air. L’arrivée du fantôme se révèle presque toujours par un vague sentiment d’horreur, la sensation d’une présence, coïncidant avec un souffle glacé : presque toujours ils semblent être totalement indifférents aux personnes vivantes qui sont là à les regarder. Parfois ils se livrent à quelque occupation domestique, parfois ils font des gestes désespérés. On observe de grandes différences dans leur allure »

La tradition voudrait que les apparitions soient vêtues de blanc, au motif probable que les défunts reviennent, assez logiquement, enveloppés dans le linceul dans lequel ils ont été inhumés. En fait, toutes les tenues ou presque sont recensées, à l'exception notoire de la nudité qui est rarissime. Les revenants revêtent le plus souvent le costume qu'ils portaient habituellement de leur vivant. Pour expliquer ce fait, Frank Podmore, membre du comité directeur de la Society for Psychical Research d'Angleterre (Société pour la recherche psychique ou SPR), a avancé que les apparitions, n'existant que dans l'esprit du visionnaire, celui-ci leur faisait porter la tenue qui lui paraissait convenir au personnage.

La classique image du fantôme traînant des chaînes est due à l'antique description de Pline le jeune (voir ci-dessous) et ne figure pratiquement jamais dans les récits ultérieurs. Le linceul blanc n'est apparu dans l'iconographie médiévale qu'à partir du XIIIe siècle et s'est répandu au XIVe siècle


 

Croyance aux fantômes

 Selon divers sondages effectués dans le monde depuis 1980, il apparaît que la croyance à l'existence des fantômes est largement répandue dans la population, tout en variant fortement selon les pays : 13 % en France (2000), 21 % au Québec (2001), 50 % chez les Chinois de Hong Kong (1981), 51 % aux États-Unis (2009) (18 % disent en avoir déjà rencontré), 52 % au Royaume-Uni (2013).

 Un sondage réalisé en 1991 chez les jeunes français âgés de 8 à 16 ans indiquait que 16 % estimaient que les fantômes peuvent exister. Dans certains pays, tel la Thaïlande, la croyance aux fantômes est quasi générale. Il semble que l'opinion de nombre de personnes pourrait se résumer à la savoureuse réponse de Madame du Deffand : Est-ce que je crois aux fantômes ? Non, mais j'en ai peur !.


 

Dualité et retour de morts

 Depuis la nuit des temps, la plupart des traditions, des religions et des philosophies considèrent que l'être humain est composé d'un corps mortel et d'une âme immortelle ou encore, d'un corps, d'un esprit et d'une âme. l'Égypte antique avait une conception de l'être beaucoup plus complexe, mais distinguait entre autres le corps (djet) et l'âme (). On retrouve une pensée analogue dans la plupart des civilisations du monde, avec des liens plus ou moins établis entre les notions d'âme, d'esprit, d'ombre ou de double.

Le thème de morts revenant hanter les vivants est aussi ancien qu'universel. Le égyptien possède la faculté de se manifester sur le plan terrestre pour venger le défunt.


 

Racines antiques

En occident, on trouve la trace du mythe des fantômes dès l'antiquité : Ulysse dialogue avec eux dans le chant XI de l'Odyssée à la fin du VIIIe siècle av. J.-C., et ils ont un rôle dans les tragédies Électre et Ajax, écrites par Sophocle au IVe siècle av. J.-C. : « Je vois bien que nous ne sommes, nous tous qui vivons ici, rien de plus que des fantômes ou que des ombres légères. »

Un des plus anciens récits concret qui nous soit parvenu, est dû à Pline le Jeune (61-114). Pour demander son avis à son ami Sura sur l'existence des fantômes, il relate dans une de ses Lettres l'incident survenu au philosophe Athénodore le Cananite, dans une maison qu'il venait de louer à très bon marché car elle était hantée par un terrible spectre qui faisait fuir ses habitants : « dans le silence de la nuit, on entendait un froissement de fers, et, en écoutant avec attention, le retentissement de chaînes agitées. Le bruit semblait d'abord venir de loin, et ensuite s'approcher ; bientôt apparaissait le spectre : c'était un vieillard maigre et hideux, à la barbe longue, aux cheveux hérissés; ses pieds et ses mains étaient chargés de fers qu'il secouait. »

Athénodore s'installe dans la maison et attend l'arrivée du fantôme. Celui-ci ne tarde pas à se manifester bruyamment et l'invite à le suivre : « le fantôme marchait d'un pas lent ; il semblait accablé par le poids des chaînes. Arrivé dans la cour de la maison, il s'évanouit tout à coup aux yeux du philosophe. Celui-ci marque le lieu où il a disparu par un amas d'herbes et de feuilles. Le lendemain, il va trouver les magistrats et leur demande de faire fouiller en cet endroit. On trouve des ossements encore enlacés dans des chaînes, le corps, consumé par le temps et par la terre, n'avait laissé aux fers que ces restes nus et dépouillés. On les rassemble, on les ensevelit publiquement et, après ces derniers devoirs, le mort ne troubla plus le repos de la maison. »

Hantises et apparitions sont des événements qui sont signalés en tous temps et en tous lieux, non seulement chez les grecs et les romains de l'antiquité, mais aussi dans toute l'Europe médiévale, et ce jusqu'à nos jours.


 

Typologie

 Malgré les propositions du chercheur britannique Hylary Evens, il n'existe pas de classification universellement reconnue des apparitions fantomatiques. On peut toutefois en distinguer les principales catégories. Dans le système de classification de Vallée, les poltergeists sont des « anomalies à effets physiques » de type AN-II, tandis que les fantômes sont des « entités » relevant du type AN-III.

 

Poltergeists

Les poltergeists, ou esprit frappeurs, sont souvent qualifiés de « fantômes », bien qu'ils constituent une catégorie particulière. On regroupe traditionnellement toutes ces manifestations sous le terme générique de petite hantise, qui diffère de la grande en ce quelle exclut les apparitions, les revenants, les fantômes.

Il s'agit essentiellement de mouvements d'objets inexplicables, de jets de pierres, de bruits sans cause physique apparente, de perturbations des appareillages électriques, de lumières, de départs de feux, etc. Les apparitions de formes floues sont très rares, ainsi que la référence possible à un ou plusieurs défunts. Ces phénomènes seraient le plus souvent liés à la présence d'un ou d'une adolescent(e) perturbé(e).[pas clair]

La Parapsychological Association qui regroupe des chercheurs issus de divers continents donne des informations sur ce phénomène.


Revenants

Claude Lecouteux distingue les « vrais » revenants, défunts qui décident délibérément de revenir pour diverses raisons, par opposition aux « faux » revenants, constitués par des morts dont la présence semble perdurer quelque temps après leur décès, comme s'ils n'arrivaient pas à disparaître définitivement, ou bien tirés de l'au-delà pour défendre leur sépulture ou répondre à un appel de nécromancie.

Vrais revenants

Pour Xavier Yvanoff, « le revenant est un mort qui apparaît revêtu de son enveloppe corporelle. Il est rarement anonyme. C'est un mort que l'on a connu au village et qui « revient » en chair et en os pour se présenter devant les vivants, le plus souvent à l'endroit où il a vécu. Physiquement, il possède le même corps qu'un vivant. C'est parfois à s'y méprendre et sa pâleur supposée est une idée fausse. » On peut a priori classer dans cette catégorie les Auto-stoppeuses fantômes, si toutefois elles ne sont pas seulement légendaires, qui paraissent suffisamment réelles pour être prises en stop par des automobilistes abusés.

 

Faux revenants

Selon plusieurs récits légendaires du Moyen Âge, il arrive que des morts récents se manifestent et semblent refuser de se laisser mener au tombeau. Selon une tradition largement partagée, les morts « habitent » leurs tombeaux et il est malvenu de les y déranger. Il arrive que le défunt manifeste lui-même son mécontentement et menace l'intrus de l'amener à le rejoindre26.

Une autre catégorie concerne les défunts qui sont contraints de revenir parmi les vivants à cause d'opérations de nécromancie. Dans son roman Métamorphoses écrit au IIe siècle, Apulée fait le récit d'un prophète égyptien qui fait revenir un cadavre à la vie : « il y a ici un Égyptien nommé Zatchlas, prophète du premier ordre. Dès longtemps il s'est engagé avec moi, au prix d'une somme considérable, à évoquer temporairement une âme du fond des enfers, et à lui faire animer de nouveau le corps qu'elle aurait quitté. » « un léger soulèvement se manifeste vers la poitrine du mort, son pouls recommence à battre, ses poumons à jouer ; le cadavre se met sur son séant; la voix du jeune homme se fait entendre : J'avais déjà bu l'eau du Léthé, dit-il, et presque franchi les marais du Styx. Pourquoi me rengager dans les tristes devoirs de cette vie éphémère? Cessez, cessez, de grâce, et me rendez à mon repos. Ainsi parla le cadavre. »

Selon une ancienne légende polonaise du XVIe siècle, un sorcier du nom de Pan Twardowski qui, tel Faust, aurait vendu son âme au diable en échange de pouvoirs surnaturels, réalisa l'apparition de la défunte reine de Pologne Barbara Radziwiłł à la demande de son époux, le roi Sigismond II.

 

Médiums et ectoplasmes

Le spiritisme est considéré comme la forme contemporaine d'invocation de l'esprit des morts et, à ce titre, l'héritier d'une tradition de nécromancie qui remonte à l'antiquité. Les communications se font par l'intermédiaire d'un médium en état de transe, à l'aide de divers supports tels que les tables tournantes, le Ouija, l'écriture automatique, etc.

La forme la plus aboutie est la matérialisation d'une substance, de nature indéterminée appelée ectoplasme (ou périsprit pour Allan Kardec), qui peut prendre des formes variées, censées représenter la manifestation d'un défunt. Bien que relatée par de nombreux témoins dignes de foi, l'existence des ectoplasmes n'a jamais été scientifiquement démontrée. À l’évidence, les apparitions des supposés revenants ectoplasmiques sont souvent constituées de morceaux de gaze ou de tissus légers entourant des photographies ou des dessins. Beaucoup de médiums ont été surpris en pleine fraude manifeste. Le médium Florence Cook réussissait l'exploit de provoquer, par trucage, la manifestation d'un ectoplasme extrêmement réaliste (on pouvait le toucher et même lui prendre le pouls !) appelé « Katie King », qui n'était autre que Florence Cook elle-même déguisée.

Les ectoplasmes se distinguent fondamentalement des fantômes dans la mesure où, exclusivement émis par le corps du médium, ils n'ont aucune autonomie, et disparaissent dès sa sortie de transe.


 

Fantômes

Les fantômes sont des apparitions, d'une forme généralement humaine (très rarement animale), entière ou partielle, ou des phénomènes lumineux telles des lueurs colorées, masses noires...

La majorité des ouvrages portant sur les cas d'apparitions relatent que la majorité des témoignages ne font pas mention de formes floues ou diffuses : les descriptions sont pour la plupart précises et détaillées comme le mentionne entre autres Camille Flammarion dans Fantômes et sciences d'observation et la plupart des parapsychologues : observations assez détaillées pour reconnaître un homme, une femme, les vêtements qu'ils portent, corpulence...

La perception des fantômes est souvent influencée par la culture et la Pop Culture.

Par exemple le cliché du fantôme vu exclusivement pendant la nuit est un mythe. Depuis 1880, les observations d'apparitions sont relatées à n'importe quels moments de la journée comme le rappel le parapsychologue Loyd Auerbach.

Il en est de même pour les clichés relatifs aux cimetières et aux châteaux. Les fantômes qui hantent les vieilles demeures sont également un mythe : ces phénomènes se produisent n'importent où. Néanmoins ce mythe est véhiculé par de nombreuses émission de type "chasseur de fantômes".

Il est à noter qu'en parapsychologie, les cas d’apparitions valables sont ceux vus par X témoins, se répétant au fil du temps et qui s'accompagnent d'effets physiques.

Actuellement, Ces phénomènes sont parfois vus par plusieurs personnes simultanément mais, dans quelques cas, avec des différences dans les détails observés.

Il arrive que ces manifestations se répètent aux mêmes endroits, sans que l'on puisse déterminer, faute de preuve définitive avec certitude le personnage dont il pourrait s'agir, ni du motif de sa localisation dans un lieu précis. Les parapsychologues utilisent alors le terme « d'apparition récurrente localisée ».

Dans de nombreux cas, les témoins disent ne pas avoir été effrayés par l'apparition elle-même, mais s'inquiètent du sens qu'elle pourrait éventuellement avoir, pour eux ou leurs proches, tel l'annonce d'un décès. C'est le rôle qui est traditionnellement tenu par certaines dames blanches. Pour Érasme : « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières. »


 

Dames blanches

Parmi les différentes sortes de dames blanches, certaines entrent incontestablement dans la catégorie des fantômes. Ce sont :

les dames blanches annonciatrices d'événements généralement funestes ou, plus rarement, heureux ;

les lavandières de la nuit, souvent considérées comme des revenantes condamnées à expier leurs fautes passées ;

les auto-stoppeuses fantôme, qui sont le plus souvent les spectres de jeunes femmes décédées d'un accident de la route.


 

Apparitions de crise

 Dans certaines circonstances particulièrement dramatiques, telles que l'accident ou l'agonie d'une personne, il arriverait parfois que son fantôme apparaisse instantanément à ses proches. Dans une étude publiée en Angleterre en 1886 et portant sur 17 000 personnes, les chercheurs posaient comme hypothèse qu'il s'agissait d'un message télépathique, émis involontairement par la victime, et reçu par le destinataire sous la forme d'une hallucination.

Dans une lettre adressée à Camille Flammarion en 1896, le jeune compositeur André Bloch relate, qu'alors que lui et sa mère séjournaient à Rome, cette dernière vit apparaître à côté d'elle son jeune neveu René Kraemer, âgé de 14 ans, qui la regardait en riant tout en lui disant : mais oui, je suis bien mort. De retour à Paris quinze jours plus tard, ils eurent la confirmation de la nouvelle de son décès qui s'était produit au moment précis de la vision.

Fantômes de vivants

C'est le titre original anglais (Phantasms of the Living) d'un ouvrage, rédigé en 1886 et paru en France en 1891 sous le titre modifié « Les hallucinations télépathiques », rédigé par Frederic Myers et Edmund Gurney, avec la participation de Frank Podmore, tous trois membres de la Society for Psychical Research anglaise.

Il arrive parfois, qu'en dehors de tout motif grave, des individus apparaissent à leurs proches, ou dans des lieux qui leur sont familiers, tout en étant physiquement à des distances considérables. Une telle aventure est survenue à Goethe : un jour qu'il se promenait sur une route avec un ami, il eut la surprise de rencontrer un autre ami du nom de Frédéric. Il l'interpella, mais celui-ci disparut sans répondre. De retour à son domicile, Goethe eut la surprise d'y trouver ledit Frédéric qui, assoupit, lui dit avoir rêvé leur rencontre sur la route.

Ce phénomène de dédoublement est connu sous le nom de bilocation lorsqu'il concerne des mystiques, des bienheureux ou des saint tel le Padre Pio. Pour les ésotéristes, il pourrait s'agir de cas de dédoublement astral, le corps astral étant perçu exceptionnellement par des tiers.


 

Vision de son propre double

Un autre phénomène consiste en la vision de son propre corps sous la forme d'un double fantomatique fréquemment transparent. Cette hallucination est connue sous le nom allemand de Doppelgänger et est considérée en neurologie comme un phénomène autoscopique. Il semble que ce soit une expérience de ce type que relate Guy de Maupassant dans sa nouvelle Lui ?, présentée comme une lettre à un ami.

 Armées fantômes

De nombreuses légendes circulent au sujet de prétendues armées de fantômes, se manifestant sur des champs de bataille ou des lieux au passé historique :

deux mois après la bataille de Edgehill (octobre 1642), divers témoins dont des officiers du roi, affirmèrent avoir vu durant la nuit, à plusieurs reprises, les armées rejouer la bataille dans le ciel ;

en 1915, se développa la légende des Anges de Mons, selon laquelle un groupe d'anges serait apparu aux soldats de l'armée britannique à la fin de la bataille de Mons en Belgique. Son origine est une nouvelle intitulée The Bowmen (Les archers), de l'écrivain fantastique Arthur Machen, publiée en septembre 1914 dans le quotidien London Evening News, qui est devenue le support d'une rumeur colportant qu'il s'agissait de faits réels ;

Dans les années 1930, à Cadbury Hill, colline fortifiée située dans le Somerset, au sud de l’Angleterre, et résidence possible d'un site d'un des chevaliers de la Table ronde, un jeune couple aurait assisté au défilé d'une troupe de cavaliers armés, s'éclairant avec des torches, qui disparurent subitement ;

Dans la nuit du 2 janvier 1950, une conductrice fut victime d'un accident sur les rives d'un loch écossais. En terminant sa route à pied, elle vit des hommes vêtus de tuniques et de collants, tourner en rond à la lueur de torches. Une enquête ultérieure de la Society for Psychical Research conclut qu'elle avait peut-être assisté à la recherche des morts Pictes à l'issue de la bataille de Nechtansmere42.

 Fantômes d'animaux

Dans ses Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand fait état d'un chat noir qui hanterait l'escalier d'une tour du château de Combourg, appelée de ce fait « la tour du chat »43. En 1876, lors de travaux de restauration, on découvrit dans un mur les restes desséchés d'un chat, probablement emmuré vivant au Moyen Âge pour conjurer le mauvais sort selon les coutumes de l'époque.

Le folklore anglo-saxon est riche en légendes concernant des fantômes de chiens noirs, presque toujours malveillants. C'est une d'elles, provenant du Dartmoor, qui aurait inspiré à Arthur Conan Doyle son roman Le Chien des Baskerville.

Dans un de ses ouvrages, Jean Prieur relate une douzaine de témoignages de la manifestation post-mortem d'animaux familiers. Dans un de ceux-ci, une chienne sauvage nommée Polka se laissait caresser et nourrir par une famille, mais repartait ensuite loger dans une carrière au fond d'un bois. Un jour, la chienne disparut et l'on apprit qu'elle avait été gravement blessée par une voiture à la suite de quoi elle était probablement partie agoniser dans un fourré. Toutefois les trois membres de la famille continuèrent à entendre des gémissements et des grattements à leur porte sans voir l'animal. Intrigués, ils se rendirent à sa cachette habituelle et la découvrirent morte depuis plusieurs jours, avec auprès d'elle trois chiots nouveau-nés, dont un vivait encore44.

Ernest Bozzano recense neuf cas de fantômes d'animaux, tout en notant :

« on comprendra que les fantômes d’animaux présentent rarement la même valeur probante que ceux d’êtres humains, soit parce qu’on peut plus difficilement les séparer des fantômes purement hallucinatoires, soit parce qu’il n’est pas toujours facile d’exclure que les percipients se soient trompés, en prenant des animaux vivants pour des fantômes d’animaux. »

Pour mémoire, on peut citer également les chasses fantastiques qui associent les fantômes des composantes classiques des chasses à courre : cavaliers, chevaux et meutes de chiens.

Moyens de transport

Il existe de nombreux récits relatant des phénomènes de hantise, réels ou légendaires, survenus à bord de bateaux, de trains, d'avions et même de sous-marins. Mais il arrive aussi parfois que ce soit les véhicules eux-mêmes qui se comportent comme des fantômes.

 

Vaisseaux fantômes

 Un vaisseau fantôme est un navire maudit qui, selon la légende, est condamné à errer sur les océans, conduit par un équipage de squelettes et de fantômes. Le plus célèbre des vaisseaux fantômes est le Hollandais volant, jadis appelé quelquefois Le voltigeur hollandais, également connu sous les noms anglais The Flying Dutchman ou allemand Der Fliegende Hollander, ce dernier étant le titre original du premier des dix opéras majeurs de Richard Wagner.

Il en existe d'autres, tels le Vaisseau fantôme de la baie des Chaleurs au Canada ou le Caleuche, vaisseau fantôme appartenant au folklore de l'archipel des îles Chiloé au Chili ou encore le Princess Augusta près de l'île américaine de Block Island, près de New York aux États-Unis.

On connaît aussi de nombreuses traditions, notamment celtiques, concernant des barques peuplées de défunts.

 

Trains fantômes

 Les trains fantômes ne sont pas uniquement des attractions de fête foraine. Plusieurs légendes rapportent la présence d'« authentiques » trains spectraux. À la suite de la grande émotion populaire suscitée par l'assassinat du président Abraham Lincoln en 1865, sa dépouille mortelle fut transportée jusqu'à sa sépulture, située dans l'Illinois, à bord d'un train spécial drapé de noir qui fit un très long détour pour qu'un grand nombre de personnes, massées sur son passage, puissent lui rendre un dernier hommage. Depuis lors, la légende court qu'on peut parfois le voir passer, surtout la nuit ; il ne s'arrête pas dans les gares qu'il traverse, mais les horloges stoppent à sa venue. Une description en a été publiée dans le journal Albany Time : « il passe sans un bruit. S'il y a un clair de Lune, des nuages viennent couvrir la Lune pendant que le train fantôme suit sa route. Après le passage de la locomotive, le train funèbre défile lui-même, avec drapeaux et banderoles. La voie semble couverte d'un tapis noir et le cercueil est visible au centre de la voiture, tandis que tout autour de lui, dans les airs et dans le train derrière, se trouvent un grand nombre d'hommes en bleu, certains avec des cercueils sur le dos, d'autres s'appuyant dessus. »

Dans la nuit du 28 décembre 1879, eut lieu la catastrophe ferroviaire du pont sur le Tay. Au cours d'une terrible tempête, le train de nuit reliant Édimbourg à Dundee dérailla en passant sur le très long pont surplombant le fleuve Tay en Écosse, entraînant la chute de 13 travées. Il n'y eut aucun survivant parmi les 75 passagers. Peu de temps après le drame, on prétendit que de nombreux fantômes hantaient les alentours. Le pont fut reconstruit en 1887 et le trafic ferroviaire fut rétabli mais, un 28 décembre quelques années plus tard, on observa le passage à vive allure d'un train non programmé qui disparut une fois arrivé au milieu du pont.

 

 Avions fantômes

Les sites où se sont produits la chute d'avions victimes de catastrophes aériennes seraient parfois survolés par des appareils fantômes. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un spitfire qui avait été abattu pendant les hostilités, aurait été souvent vu au-dessus du terrain d'aviation de Biggin Hill près de Londres, ancienne base de la Royal Air Force. Par les nuits d'orage, un avion fantôme survolerait la ville de Weybridge dans le Surrey en Angleterre, lieu où il s'est abattu durant une tempête en 1965.

 

 Autobus fantôme

 Dans les années 1930 à Londres, un des célèbres bus rouge à impériale, portant le No 7, aurait provoqué de nombreux accrochages et au moins un accident mortel. Tôt le matin, il fonçait sur les automobilistes, au carrefour de Saint Mark's Road et de Cambridge Gardens, près la station de métro de Ladbroke Grove, avant de disparaître mystérieusement. Le phénomène aurait disparu rapidement après que les autorités eurent rectifié le tracé du carrefour.

 

 Témoignages et preuves matérielles

La presque totalité des apparitions de fantômes ne sont connues que par les récits du ou des témoins, souvent repris d'ouvrage en ouvrage sans vérification. Dans nombre de cas, le récit est tenu d'un tiers, comme l'indique très honnêtement Pline le Jeune dans son célèbre récit : Cette histoire, je la crois sur la foi d'autrui.. D'ailleurs Pline semble n'être guère convaincu, car le récit s’insère dans la question qu'il pose à son ami sur le sujet :

 

« Je voudrais donc bien savoir si vous pensez que les fantômes sont quelque chose de réel, s'ils ont une forme qui leur soit propre, si vous leur attribuez une puissance divine, ou si ce ne sont que de vaines images qui tracent dans une imagination troublée par la crainte. »

De ce fait, la preuve de leur authenticité est problématique. Certaines histoires relèvent clairement du folklore ou de la légende, sans que l'origine du mythe puisse être connue58. Pour d'autres, la qualité des témoins suggère que leur récit est recevable, tout en tenant compte des possibilités d'illusions ou d'hallucinations. S'y ajoutent évidemment les dérèglements psychologiques et psychiatriques, les inventions, les canulars et autres supercheries.

Nombre de témoignages ont été transmis par des lettres de prétendus témoins ou de proches des narrateurs. La quasi-totalité des nombreux exemples cités par Camille Flammarion dans ses ouvrages sur les manifestations post-mortem sont tirés des milliers de lettres reçues sans vérification. Comme l'indique Anne Jaffé, disciple de Jung :

« Ces lettres ne peuvent pas, en elles-mêmes, être considérées comme contributions à la science de la parapsychologie telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui. »

 Photographies

 Si des photographes, tel l'anglais Simon Marsden, se sont spécialisés dans la photographie de lieux sinistres et/ou réputés hantés, les photographies des fantômes eux-mêmes sont très rares et controversées.

 Photographies célèbres

Le plus célèbre cliché de revenant a été pris le 19 septembre 1936, dans le grand escalier du château de Raynham Hall dans le Norfolk, par deux photographes du magazine Country Life, Captain Provand et Indre Shira. La silhouette, surnommée The Brown Lady (La Demoiselle brune), pourrait être celle de Lady Dorothy Townshend, épouse de Charles Townshend, propriétaire de Raynham Hall au début du XVIIe siècle.

Depuis ce jour, même si plusieurs photographies sont troublantes, telle celle réalisée en 2010 par Kevin Horkin dans les ruines du château de Gwrych au Pays-de-Galles, aucune n'est considérée comme authentique, les risques de trucage ou d'anomalie involontaire explicable étant considérables.

Célébrité n'est pas synonyme d'authenticité. Dans les années 1990, l'abbaye de Mortemer fut au cœur de l'actualité paranormale lorsqu'une journaliste du nom de Muriel Motte prétendit avoir photographié, à plusieurs reprises, la silhouette d'un spectre hantant les ruines la nuit. En fait, il s'agissait de la photographie floutée des restes du clocher de l'abbatiale éclairés par un projecteur.


 

 Origines possibles des images de fantômes

Dans la plupart des cas, lorsqu'il s'agit d'anciennes prises de vues, la cause la plus probable est une double exposition. Sinon il peut s'agir d'un reflet ou d'un objet parasite proche de l'objectif de l'appareil. Dans le cas où la photographie est prise dans l'obscurité - totale ou relative - l'appareil mélange une image nette, prise pendant le bref éclair du flash, avec une image floue et diffuse enregistrée pendant la période de pause d'une ou deux secondes qui suit l'éclair. Il peut en résulter un sujet qui semble entouré par une forme diffuse. Depuis la généralisation des appareils photographiques numériques et la large diffusion de logiciels de retouche d'image, le trucage photographique est à la portée de tous et facilite la productions de fausses images de fantômes.

Orbes

Le phénomène des orbes, ou orbs, petites taches circulaires blanchâtres qui apparaissent sur les photographies numériques prises à l'aide d'un flash, a propagé l'idée qu'il s'agissait de la trace laissée par des esprits fantomatiques. D'autres origines (plasma, ovni...) ont été avancées par les tenants du paranormal. En fait, les orbes sont des images parasites provoquées par la réflexion de la lumière du flash sur des particules présentes dans l'air à proximité de l'objectif. Il peut s'agir de poussières diverses, de moucherons, de flocons de neige, de pollen, de gouttelettes d'eau, etc.

 Vidéos

Les vidéos de fantômes et autres poltergeists circulant sur internet sont légion. La plupart sont très peu convaincantes. Quelques-unes sont plus particulièrement célèbres (ou réussies...).

Fin 2003, une caméra de surveillance du château de Hampton Court a enregistré l'image d'un personnage en costume, supposé être le fantôme d'Henry VIII, refermant une porte. La vidéo a été reprise et diffusée par de nombreuses chaînes de télévision mais, pour Richard Wiseman, professeur de psychologie à l'université du Hertfordshire, cité par le Daily Telegraph, il s'agit soit d'un coup de publicité du palais, ce dont je doute, soit d'un visiteur qui a voulu se rendre utile en refermant la porte.

Une vidéo, fréquemment reprise dans les médias et présentée comme ayant été jugée authentique par des experts, est censée avoir enregistré l'image d'un enfant fantôme courant dans un ancien cimetière américain avant de grimper dans un arbre. En fait, un examen attentif met en évidence une coupure dans l'enregistrement et suggère l'explication beaucoup plus rationnelle d'un enfant bien réel jetant un tissu dans un arbre.

La caméra de surveillance d'un parking de Tokyo a filmé l'étrange déplacement d'une silhouette féminine, semblant se déplacer à reculons avant de disparaître. L'enregistrement est présenté comme authentique.

Une vidéo amateur circulant sur internet présente un groupe de touristes japonais se filmant au sommet d'une falaise bordant la mer. Sur une brève séquence on aperçoit nettement, en arrière-plan, une personne se jetant dans le vide. L'origine précise de cette vidéo semble inconnue. La possibilité d'un trucage est donc considérable, d'autant qu'il n'est fait référence à aucun suicide réel survenu à cet endroit.


 

Enregistrements sonores

La plupart des messages supposés émis par des esprits désincarnés ne sont pas directement audibles par les humains. On ne peut les écouter que par le truchement d'enregistrements électroniques.

Thomas Edison, l'inventeur du phonographe en 1877, espérait encore en 1920 mettre au point un appareil permettant de capter directement les messages des esprits. Il ne s'agissait pas à proprement parler des fantômes, mais l'idée était proche. « Je prétends qu'on peut construire un appareil si sensible que, s'il y a des êtres dans un autre monde, qui souhaitent entrer en rapport avec nous dans ce monde ci, les chances qu'ils puissent le faire avec cet appareil seront bien meilleures qu'avec les tables tournantes... ». Par la suite, Edison affirma qu'il avait plaisanté en faisant cette annonce.

En 1959, le producteur de cinéma suédois Friedrich Jürgenson (1903–1987), parti se promener avec un magnétophone aux environs de Stockholm pour enregistrer des chants d'oiseaux, eut la surprise d'entendre des voix derrière leurs pépiements. Intrigué, il multiplia les enregistrements. Pensant avoir identifié des messages en provenance d'amis ou de parents défunts, il publia ses découvertes en 1964. Konstantin Raudive, un ancien professeur de psychologie, se pencha à son tour durant neuf ans sur le sujet et réunit plus de 10 000 échantillons de voix. En 1968, il rédigea un livre accompagné d'un disque sur le fruit de ses recherches qu'il poursuivit jusqu'à sa mort en 1974.

Les enregistrements par un magnétophone de messages audibles sont très rares. On les connaît surtout dans les cas de poltergeists ou sont enregistrés de bruits divers et des rauques voix spectrales. (utilisation des « fausses cordes vocales » des humains victimes du phénomène).


 

Chasseurs de fantômes

On appelle « chasseurs de fantômes » les personnes qui se sont spécialisées dans l'étude des phénomènes de hantise. Le thème a été popularisé de façon comique dans le célèbre film américain SOS Fantômes sorti en 1984. Dans la réalité, la plupart des chasseurs de fantômes ne cherchent pas à combattre ces phénomènes, mais plutôt à les analyser en collectant un maximum de renseignements.

L'Anglais Harry Price (1881-1948), fondateur en 1925 du National Laboratory of Psychical Research à Londres, fut probablement le plus célèbre chercheur dans ce domaine au XXe siècle. Il publia une douzaine d'ouvrages, dont deux furent consacrés au presbytère de Borley présenté comme « le lieu le plus hanté d'Angleterre ».

De nos jours, de nombreuses personnes, ou associations d'amateurs, se proclament chasseurs de fantômes, sans pour autant avoir une attitude réellement scientifique. Malgré l'emploi fréquent de divers détecteurs et appareils sophistiqués, censés fournir des preuves des phénomènes observés, leurs recherches n'apportent rien de concret aux études sur le sujet.


 

Face à la science

Pour Emmanuel Kant (1724-1804), on peut être sûr que jamais une académie des sciences ne choisira un pareil sujet, pour le mettre au concours ; non pas que chacun de ses membres soit persuadé de la futilité et du mensonge de toutes ces narrations, mais bien parce que la loi de la prudence met de sages bornes à l'examen de ces questions. Les histoires de revenants rencontreront toujours des croyants secrets et seront toujours l'objet, en public, d'une incrédulité de bon ton.

De la seconde partie du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe, et encore jusqu'à nos jours, de nombreux savants et parapsychologues ont enquêté sur ces phénomènes. Parmi ceux-ci on peut citer : Camille Flammarion (1842-1925) astronome, Charles Richet (1850-1935) prix Nobel de médecine, Frank Podmore (1856-1910) écrivain, Ernest Bozzano (1862-1943) parapsychologue, Jean Prieur (1914-2016) professeur de français, Claude Lecouteux (1943-) docteur ès lettres, Walter von Lucadou (1945-) physicien et psychologue, etc. Ils se sont souvent regroupés dans des instituts tels que la Society for Psychical Research (Société pour la recherche psychique ou SPR) fondée en 1882 en Angleterre, ou l'Institut métapsychique international (IMI) créé en 1919 en France.

Actuellement, la communauté scientifique considère en général que, méprises et tromperies mises à part, la plupart des manifestations de fantômes présentées comme authentiques n'ont pas de réalité faute de preuves indiscutables. D'autre part, selon le Dictionnaire sceptique, rédigé par le professeur Robert Todd Carroll en 1994 dans le cadre "d'essais sceptiques", « la plupart des maisons hantées sont très vieilles et, par conséquent, remplies de courants d’air. Les scientifiques qui ont enquêté sur de tels lieux ont pu expliquer à la fois les bruits et les changements de température en trouvant la source des courants d’air, souvent des espaces vides entre les murs ou des déplacements d’air causés par des ondes sonores de basses fréquences, produites par des objets bien concrets, comme des ventilateurs. »

De plus, les données actuelles de la SPR et de l'ASSAP démontrent que les hantises et les apparitions se produisent dans des lieux tout à fait ordinaires. Les affirmations qui associent les lieux de hantises à de vieilles demeures ne reposent sur aucune preuve tangible scientifique, tout comme l'interprétation populaire que les fantômes soient le fruit exclusif de revenants :

"L’association de fantômes avec des demeures seigneuriales, des châteaux en ruines et des auberges solitaires, sans doute utile au commerce, ne semble pas être corroborée par les constats actuels. On pourrait s’attendre à ce que « le conditionnement » joue un rôle important dans la production d’attentes propices aux expériences d’apparitions, mais en réalité, les endroits où les apparitions ont été rapportées étaient étonnamment mondains et prosaïques. 70,5% des expériences sont rapportées à la maison (y compris le jardin). Sur les 29,5% restants, lorsqu'ils n'étaient pas à la maison, près du quart se sont produits pendant que le destinataire était en voiture. Seulement 16% des cas sont survenus à l'extérieur.

Par contre, la vieille maison, les lieux lugubres associés aux "fantômes" semblent trouver leurs sources dans la culture, la pop culture et l'imaginaire collectif. Ces facteurs culturels, pour certains psychologues nourrissent l'interprétation psycho-sociologique de ces phénomènes selon la culture et croyances des personnes qui les vivent. C'est ce que soutient par exemple, le chercheur indépendant Jean-Michel Abrassart pour la plupart des expériences dites "extraordinaires". La sceptique Hayley Stevens affiliée au Committee for Skeptical Inquiry quant à elle, dénonce que la plupart des explications "scientifiques" sont souvent toutes aussi inexactes que les explications "spirituelles" où du moins sujettes à caution pour expliquer le paranormal :

« Une bonne partie de mon temps de recherche à ce sujet implique non seulement d'examiner les choses étranges que vivent les gens, mais également de scruter les explications aux sonorités scientifiques que les gens offrent pour « démystifier » le surnaturel. Très souvent, ces explications sont aussi fausses que certaines des affirmations surnaturelles - par exemple, l’affirmation selon laquelle la moisissure vous fait voir des fantômes. Cela semble scientifique, mais ce n’est pas vrai».

D'autres sceptiques comme Sharon Hill et Ben Radford membres également du SCI dénoncent aussi certaines dérives et inexactitudes dans les médias. Par exemple, certains magazines scientifiques grand public ou youtubeurs affirment que les "fantômes" s'expliquent par les infrasons, les champs magnétiques ou encore des moisissures. Pourtant, aucune preuve et aucune réplication scientifique à ce jour ne soutiennent ces allégations qui sont paradoxalement relayées massivement sur internet sans esprit critique, sans analyser et recouper les sources. Enfin, d'autres chercheurs dont la plupart des parapsychologues pointent les dérives du pseudo-scepticisme (raisonnement circulaire, biais, arguments d'autorité...) relatifs à des à priori concernant l'étude ouverte et rigoureuse du paranormal.

Le terme "pseudo-sceptique" a été popularisé à l'origine par Marcello Truzzi, l'un des membres fondateurs du SCICOP devenu plus tard CSI.

Selon le chercheur Renaud Evrard, président actuel de la Parapsychological Association:

"« La Parapsychological Association est fondée en 1957 et en 1969 elle est affiliée à la très académique association américaine pour le progrès des sciences […] La parapsychologie est donc un domaine de recherche fascinant parce qu’il nous mène aux portes de l’inconnu, parce qu’il y a des gens brillants qui explorent ses frontières et parce que c’est avec les données de la parapsychologie que se construisent de nouvelles théories physiques, sur la rétrocausalité par exemple, et de nouvelles théories en psychologie. Cependant, les chercheurs sont tellement en avance, tellement dans une subversion des savoirs acquis, qu’il est plus facile de les ignorer, de les décrédibiliser, plutôt que d’intégrer les perspectives qu’ils nous apportent".

Pour Pascale CatalaN 3 : « seule une approche rationnelle, se fondant sur diverses disciplines scientifiques (physique, psychologie, psychiatriques, sociologie, neurophysiologiques, etc. permettra de démêler le vrai du faux. »

En 2017, dans le cadre de l’émission « the infinite monkey cage » animée par Neil De Grasse Tyson, le physicien Brian Cox affirme formellement que les fantômes ne sont pas réels avec comme preuve suivante : "Si nous voulons faire une place aux fantômes dans nos vies, nous devons inventer une extension du modèle standard de la physique des particules qui a jusqu'alors totalement échappé aux expériences menées à l'aide du grand collisionneur de hadrons. C'est presque inconcevable aux échelles d'énergie typiques des interactions de particules dans notre corps". Il affirme que l'accélérateur de particules du grand collisionneur de hadrons aurait immanquablement détecté l'existence des fantômes. Il démontre également que les fantômes violeraient la deuxième loi de la thermodynamique, qui stipule que l'énergie se perd et que les fantômes, ainsi, ne sauraient maintenir leur existence au-delà d'une durée significative. Toutefois Neil De Grasse Tyson a rappelé à Brian Cox qu’il n’est pas du tout impossible que de nouveaux modèles scientifiques puissent compléter voire révolutionner les théories courantes même s'il n'a pas n'a pas encore trouvé un phénomène qui défie toutes ses connaissances.

En 2016, Bill Nye, vulgarisateur scientifique dans le cadre de son émission "big think"affirme également que le fantômes et l’après vie n'existent pas faute de preuves convaincantes. Ces affirmations lui a valu la critique d' Hayley Stevens sceptique Anglaise et membre du CSI (Committee for Skeptical Inquiry) :

« Bien que Nye ait techniquement raison de penser que la recherche n’a fourni aucune preuve de la survie de « l’âme » humaine, il ne s’agit pas de la somme totale de fantômes ni même de recherches paranormales […] Certaines personnes qui croient aux fantômes ne croient pas que les fantômes soient l'âme humaine. Certaines personnes ne croient pas que les maisons hantées sont hantées par des fantômes, d'autres croient aux fantômes mais pas aux maisons hantées. C’est pourquoi la recherche se poursuit. La confiance avec laquelle Nye a rejeté ces idées suggère qu’il est un expert, mais ses affirmations incorrectes prouvent le contraire».

Bien que certains physiciens ne soutiennent pas l'hypothèse du dualisme comme Brian Cox ou encore Sean Caroll, d'autres physiciens et chercheurs sont en désaccord comme Roger Penrose, Stuart Hameroff, Fred Alan Wolf ou encore Brian Josephson. L'ASSAP (L’Association pour l’étude scientifique des phénomènes anormaux) propose une approche holistique de ces phénomènes sans tomber dans le biais de confirmation populaire que les "apparitions" soient des "esprits". Pour l'ASSAP :

« La vérité est que, pour le moment, nous ne savons tout simplement pas ce que sont les fantômes! Il existe un certain nombre de possibilités intéressantes, mais malheureusement, peu de personnes les recherchent. Malheureusement, la plupart des gens sont obsédés par l'idée de "l'esprit" pour laquelle il existe très peu de preuves. C'est une situation provoquée en grande partie par les médias et nous ne pouvons rien y faire »

 Hallucinations

Les hallucinations sont définies comme des perceptions en l'absence de stimuli externes. Elles doivent être distinguées des illusions, qui résultent de perceptions altérées de stimuli externes existant, et des hallucinoses, qui sont des perceptions en l'absence de stimuli externes mais avec conservation de la conscience de la nature endogène (qui a une cause interne) de la perception.

Une des caractéristiques importantes de l'état psychotique est l'absence de prise de conscience suffisante de la nature pathologique des symptômes (Anosognosie). Les patients pensent que leur comportement, et les expériences hallucinatoires qu'ils vivent, ne sont en aucune manière inhabituels ou étranges.


 

Paralysie du sommeil

Un trouble du sommeil relativement fréquent, connu sous le nom de paralysie du sommeil, peut probablement expliquer bon nombre de cas de hantise, lorsque ceux-ci se produisent quand le témoin est couché dans un lit.

Le sujet, sur le point de s'endormir ou de s'éveiller, mais tout à fait conscient, se trouve dans l'incapacité d'effectuer le moindre mouvement volontaire. À cette sensation désagréable, sont couramment associées des hallucinations auditives telles que bruits de pas, voix et sons divers ainsi que des impressions d'oppression, de suffocation et de présence d'une personne maléfique dans la pièce. Les hallucinations visuelles sont assez peu fréquentes.

Beaucoup moins communes sont d'autres impressions, comme des sensations de vibration, de douleur ou de froid, des odeurs, des mouvements des couvertures, etc. Ces hallucinations sont ressenties comme des faits réels, accompagnés d'un sentiment de danger extrême, voire de risque mortel. Plus rarement encore, le ressenti peut être de la colère, de la tristesse, une sensation d'extase, voire des désirs érotiques.

Toutefois, en avril 2008, dans l'ouvrage "Haunted Swindon" le chercheur Dave wood (président de l'ASSAP) et le chercheur Sewell ont découvert que la plupart des apparitions visuelles avaient lieu dans l'après-midi. Dans leurs échantillon, 37% des observations se sont produites pendant la journée, mais après avoir éliminé les cas associés à la paralysie du sommeil et aux phénomènes de limite du sommeil, les chercheurs identifient 50% des cas survenant en plein jour et 50% dans l'obscurité.

Fantôme sur commande

Une patiente de vingt-deux ans, sans antécédents psychiatriques, traitée à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) pour un problème d'épilepsie a eu la désagréable sensation qu'une personne, placée derrière elle, cherchait à l'étreindre, lorsque les chercheurs ont stimulé les électrodes placées dans son cerveau à la jonction temporo-pariétale. Un dysfonctionnement de cette zone cérébrale est déjà soupçonné d'être à l'origine de la sensation de voyage astral.

En 2014, Olaf Blanke et son équipe mettent en évidence chez des sujets sains une sensation de présence, en créant une illusion en laboratoire. 30 % des volontaires en bonne santé ont décrit le sentiment d’avoir quelqu’un derrière eux, qui les touchait.

En 2016, lors d'une interview, Giulio Rognini, l'un des scientifiques qui a conduit cette expérience avec Olaf Blanke insiste bien sur le fait que leurs résultats en neurosciences expliquent juste une petite partie des expériences inhabituelles liées aux apparitions et maisons hantées.

 

La suggestion

Les travaux en psychologie anomalistique démontrent que le conditionnement et que des facteurs environnementaux peuvent biaiser la perception de certaines personnes. Afin que certaines personnes fassent l'expérience de hantise, cela demande l'association de plusieurs facteurs :

- Un lieu réputé hanté.

- Une histoire se focalisant sur ce lieu hanté ou des rumeurs.

- Prendre un échantillon de personne croyant au paranormal.


En 1997 et 1998, des chercheurs comme Hourran et Lange ont travaillé sur diverses expériences au sujet du conditionnement psychologique dans le cadre des Hantises en prenant deux groupes. Au premier groupe, ils suggèrent que le théâtre est « hanté ». Au second groupe, les chercheurs les informent que le lieu est simplement en rénovation. Les personnes croyant visiter un lieu hanté ont décrit plus de ressentis inhabituels que les autres.


En 2003, les hypothèses de Hourran et Lange sont poursuivis par d'autres chercheurs (Wiseman, Watt, Stevens, Greening & O’Keeffe)

Cette étude a été publiée dans The British Journal of Psychology.

il s’agissait de recueillir les expériences inhabituelles rapportées par les visiteurs d’un château réputé hanté, transformé en musée. Voici les résultats

" Le protocole est essentiellement le même que celui de Schmeidler, avec la même ambiance suggestive lors de l’explication de la consigne. 46,5 % des participants dirent avoir eu au moins une expérience inhabituelle. Les deux tiers des expériences étaient des ressentis de variation inhabituelle de la température, et le dernier tiers correspondait à des ressentis de vertiges, maux de têtes, malaises, étouffements, la pression d’une certaine « force », une odeur dégoûtante, une sensation de présence et des émotions intenses".

Le chercheur Renaud Evrard co-fondateur de CIRCEE (Centre d’Information, de Recherche et de Consultation sur les Expériences Exceptionnelles) remarque toutefois que :

"ces ressentis étranges sont tout de même éloignés des observations d’apparitions, de déplacements inexpliqués d’objets ou de coups dans les murs. D’ailleurs, seuls 3 % des participants attribuèrent avec certitude leur ressenti à la présence d’un fantôme, et 10 % dirent que c’en était peut-être un. Même quand l’expérience fut renouvelée dans un lieu plus intimiste, la majorité des gens n’étaient pas convaincus d’avoir affaire à un fantôme malgré le récit de quelques observations encore plus étranges".

Pascale Catala partage également les observations suivantes sujet des travaux de Wiseman :

" Aucun facteur causal n’a été démontré[...]Les corrélations trouvées ne sont pas très intéressantes ou spécifiques. La variation de champ magnétique n’ayant pas été retrouvée dans la deuxième expérience, il reste des effets liés à la luminosité ou la taille de la pièce ... : ces caractéristiques peu spécifiques ne sont pas exploitables.

Il y a extrapolation à partir des expériences inhabituelles à des sujets de l’étude, aux témoignages de hantise en général.

Alors qu’on ne parle pratiquement jamais en France des études scientifiques sur les fantômes, la presse a relayée abondamment ces conclusions.".

Enfin, une récente étude de la psychologue Annalisa Ventola met en exergue que les personnes qui font l'expérience des hantises et des '"fantômes" n'ont pas de déficit cognitifs. L'étude de Ventola a porté sur 313 étudiants.


 

Malaises et infrasons

Des recherches scientifiques ont permis de mettre en cause les infrasons – sons émis à des fréquences inférieures à 20 hertz (Hz), inaudibles pour l’oreille humaine – dans la production de sentiments d’anxiété, de peur ou de tristesse, voire dans la production d’hallucinations. Les effets physiologiques et psychologiques des infrasons ont été découverts au début du XXe siècle. La propagande nazie les aurait utilisés pour accentuer l’excitation des foules pendant les discours d’Adolf Hitler et aurait ultérieurement cherché à construire des armes soniques qui semblent être restées au stade expérimental. Fin 1963, le docteur Vladimir Gavreau, chercheur au laboratoire d’électro-acoustique de Marseille, fut confronté aux violents malaises, migraines et nausées répétés de ses collaborateurs. Après de longues recherches tous azimuts, il découvrit que leur cause était un ventilateur qui émettait des sons inaudibles, d'une fréquence de 7 Hz106,107.

En 2003, Au cours d’une expérience conduite par le docteur Richard Lord, chercheur acousticien au National Physical Laboratory et par le professeur Richard Wiseman, psychologue à l'université du Hertfordshire, des sons à très basse fréquence ont été émis au cours de quatre morceaux joués pendant un concert réunissant 750 personnes à Londres. À la sortie, 22 % des spectateurs ont déclaré avoir eu des réactions de peur ou de tristesse au cours des passages en question. Selon le professeur Wiseman : Certains chercheurs ont suggéré que ce niveau de son peut être relevé dans certaines maisons dites hantées et ainsi provoquer des sensations curieuses couramment attribuées à la présence d'un fantôme - nos découvertes confirment cette hypothèse. Le vent s’engouffrant dans les longs corridors et les conduits de cheminée des châteaux pourrait être à l’origine de ces infrasons.

Vic Tandy, ingénieur à l’université de Coventry, a eu une expérience inhabituelle en 1998 relatif à un cas de hantise sur son lieu de travail : sensation de malaises et sensation de voir une apparition mal définie en périphérie de son champ de visions. Tandy a trouvé la cause du présumé fantôme : des sons d’une fréquence d’environ 19 Hz qui provenaient d'un ventilateur qui peuvaient faire, selon lui, résonner le globe oculaire humain, provoquant des troubles de la vision et des hallucinations.

Néanmoins, il est important de remettre ces hypothèses ci-dessus dans leur contexte et de préciser que d'autres chercheurs ont tenté de répliquer l'expérience de Vic Tandy et de Richard Wiseman, à savoir valider ou réfuter l'hypothèse des infrasons et champs magnétiques dans le cadre des hantises et de possibles sources d'apparitions.

En 2004, Chris French psychologue spécialisé en psychologie anomalistique a tenté une expérience associant des champs magnétiques élevés ainsi que des ondes sonores à basses fréquences sans démontrer de relation de cause à effet.

En 2005, une nouvelle expérience scientifique a été tentée par Roger Schwenke et John Meyer qui ont dirigé l'équipe Meyer Sound dans la conception d'un banc d'essai spécial qui produirait des niveaux sonores très élevés aux fréquences infrasonores afin de trouver un lien tangible entre les infrasons et les hallucinations visuelles. Dans le cadre de cette expérience, personne n'a halluciné et les effets psychologiques peu concluant. Ce projet a été présenté dans le cadre de l'émission scientifique et de débunking Mythbusters.

En 2009, French a aussi recommencé une autre tentative sans démontrer de preuves évidentes :

 « environ 80% des volontaires ont dit qu'ils se sentaient étourdis, la moitié ont dit qu'ils avaient l'impression de tourner et 23% se sentaient détachés de leur corps ont rapporté les chercheurs en 2009 dans le journal Cortex. 23% ont également déclaré avoir ressenti une présence, et 8% ont ressenti de la terreur, et 5% des participants ont déclaré être excités sexuellement ».

Steeve Parson, étudie également l’impact du son dans l’expérience des fantômes et hantises, membre de la SPR, il propose une analyse très détaillée sur le site Psi Encyclopedia. L’article de Parson est également disponible sur le Journal of the Society for Psychical Research Vol. 76.3 No. 908 July 2012, 2012 .

Selon lui :

" L'infrason seul ne produit pas d'expériences anormales et paranormales. La gamme de fréquence autour de 18Hz ne produit pas les expériences apparitionnelles (comme suggéré par Tandy et Lawrence). "

 Champs magnétiques

 La Terre baigne naturellement dans un champ magnétique qui lui est propre, dont la composante verticale à sa surface est stable aux alentours de 500 milligauss. Dans les années 1980, en étudiant le comportement des sourciers, le professeur Yves Rocard a estimé qu'un être humain pouvait être sensible à une variation de magnétisme de l'ordre du milligauss. Or, dans certains lieux supposés hantés, il a été mesuré des champs magnétiques beaucoup plus considérables, allant jusqu'à 825 milligauss. Il a été envisagé que certaines personnes pourraient y être particulièrement sensibles, et interpréter leur ressenti en fonction de leurs croyances personnelles.

En 1990, le chercheur en neuroscience Michael Persinger a inventé un appareil qu'il nomme Casque de dieu, censé produire des hallucinations ou des états altérés de conscience par stimulations magnétiques du cerveau, dont les effets pourraient pourraient expliquer certaines perceptions inhabituelles. Il tenta d'étendre ce concept aux lieux supposés hantés. Mais ses allégations n'ont été ni répliquées ni validées par la communauté scientifique. Pour sa part, le parapsychologue Mattew Didier, fondateur de la « Toronto ghost and Haunting research society » n'a trouvé aucune corrélation lors de ses propres recherches sur le terrain et, en 2004, c'est le chercheur Pehr Granqvist qui ne corrobore pas non plus les allégations de Persinger. En 2018, une étude du psychologue David Maij, a démontré que le casque de Dieu de Persinger tend à fonctionner comme un placebo.

D'autres études ont tenté en vain d'établir une corrélation entre les champs magnétiques et la perception des phénomènes de hantise :

En 2004, le psychologue Chris French n'a pas trouvé de liens concluants concernant les champs magnétiques susceptibles de provoquer des expériences hallucinatoires relatives aux fantômes.

En 2006, le docteur Jason Braithewaite a tenté d'établir un lien plausible entre les champs magnétiques et un lieu présumé hanté : le château de Muncaster (en). Il passera des années à travailler sans succès sur cette hypothèse.

En 2009, Chris French, a imaginé le « projet Haunt » consistant à soumettre des volontaires à des champs magnétiques et à des infrason à leur insu. French n'a pu établir aucune corrélation pertinente.

En 2011, Jason Braithewaite a rédigé un article scientifique sceptique et critique sur l'hypothèse hallucinatoire relatif aux champs magnétiques.

En 2017, Benjamin Radford, chef d'édition au Skeptical Inquirer insiste sur le fait qu'il n y a aucune preuve concernant le rôle des champs magnétiques pouvant générer des hallucinations attribuables à des fantômes.

En mars 2019, une étude menée par le géoscientifique Joseph Kirschvink et le neuroscientifique Shin Shimoj semble confirmer que les humains seraient effectivement sensibles, de façon inconsciente, au champ magnétique terrestre mais, pour autant, les sujets des expériences n'ont pas eu d'hallucinations.

 

 L'intoxication par des moisissures

En 2015, Shane Rogers, ingénieur environnemental affirme que les "fantômes" sont des hallucinations dans des vieilles demeures causés une intoxication par des moisissures. Toutefois Rogers n'a jamais publiés ses résultats comme le souligne Hayley Stevens en se rendant sur le site de l'université de Clarkson. Enfin, sur des sites médicaux, il n'existe aucune preuves évidentes que les moisissures peuvent produire des hallucinations élaborées dans de vielles demeures.


 


 

 Dame blanche (légende)

L’appellation dame blanche est donnée à des mythes ou à des apparitions de natures diverses. Il peut s’agir soit d’entités surnaturelles tenant les rôles de fées, de sorcières, de lavandières de la nuit ou d’annonciatrices de mort prochaine, soit de fantômes de femmes décédées lorsqu’il s’agit de spectres hantant des châteaux ou d’auto-stoppeuses fantômes.

Quelles que soient leurs formes, les légendes des dames blanches se retrouvent un peu partout en Europe et en Amérique du Nord.


 

Typologie

Fées

 Dans le folklore ancien, il s'agit de fées, moitié déesses, moitié sorcières, que l’on rencontre dans tous les pays du monde. Elles ont une parenté évidente avec la reine GuenièvreN 1 de la légende arthurienne et la fée Mélusine. Elles habitent les nuits des landes et les forêts et s’attaquent parfois aux rares passants1. Pour le savant jésuite Martín Antonio Delrío : Il y a une sorte de spectres peu dangereux qui apparaissent en femmes toutes blanches dans les bois et dans les prairies ; parfois on les voit dans les écuries, tenant des chandelles allumées dont elles laissent tomber des gouttes sur le toupet et les crins des chevaux, qu’elles peignent et qu’elle tressent ensuite fort proprement2.

Elles sont encore connues dans les sites suivants : la chute Montmorency (Québec), Tonneville (France, Manche), le lac de Paladru (France, Isère) et de nombreux lieux dans les Pyrénées (daunas blancas, damas blancas), notamment des grottes, comme celle de Massabielle à Lourdes avant les visions de Bernadette Soubirous, ayant constitué des habitats préhistoriques. En Comminges, les Aubegas, en Barousse, les Blanquetas.

Dans le légendaire pyrénéen, on trouve des dames blanches, assimilables à des personnes de sang royal ou princier (ou à leurs spectres), qui jouent un rôle protecteur. C’est le cas en Andorre, où une dame blanche apparaissait près de la cascade d’Auvinyà. Elle habitait une tour voisine et est apparue à plusieurs reprises pour défendre le territoire andorran contre les visées d’un évêque d’Urgel, puis contre les attaques d’un loup monstrueux qui n’était autre que cet évêque métamorphosé5.

 Lavandières de nuit

Une variété de dame blanche est constituée par les lavandières de nuit. C’est un mythe présent dans de nombreuses régions d’Europe, sous des noms divers : Kannerez-noz, Night washerwoman, Bean nighe, Lavandeira Da Noite, Lamina, Bugadiero, Gollières à noz, etc.

 

« On appelle lavandière de nuit des femmes blanches qui lavent leur linge en chantant, au clair de lune, dans les fontaines écartées ; elles réclament l’aide des passants pour tordre leur linge et cassent les bras à qui les aide de mauvaise grâce. »

 Jacques Collin de Plancy

Messagères

 La dame blanche annonciatrice d’une mort prochaine est la transposition continentale de l’ancien mythe irlandais de la banshee, repris dans la légende de la fée Mélusine auXIVe siècle : attachée à la puissante lignée des Lusignan, son apparition sur une des tours du château de Lusignan, accompagnée de hurlements lugubres et de sifflements, annonçait la mort d’un membre de la famille dans les trois jours. Selon Érasme : « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières. » Au début du XVIe siècle de nombreuses grandes familles aristocratiques européennes avaient leur dame blanche attitrée. Plus stylées que leurs ancêtres, elles ne hurlent pas et peuvent même parfois se montrer protectrices, telle la « dame blanche de Krumlov », attachée à la puissante famille Rožmberk (Rosenberg) de Bohème qui apparut plusieurs fois en 1539 auprès de l’héritier nouveau-né. La dame blanche attachée à la maison germanique des Neuhaus est ambivalente, elle annonce une mort si elle porte des gants noirs, mais aussi un heureux présage si ses gants sont blancs. On trouve des dames blanches attachées aux Habsbourg, aux Hohenzollern, aux Brunswick, aux Brandebourg, aux Bade, aux Pernstein. Une dame blanche serait aussi apparue à l’empereur Charles Quint en 1558, la veille de sa mort, au monastère de Yuste où il s’était retiré. C’est cette dame blanche qui est à l'origine du personnage de la Nonne sanglante11.

 La double apparition d’une dame blanche au prince Louis-Ferdinand de Prusse, la veille et le jour de sa mort tragique sur le champ de bataille de Saalfeld, eut pour témoin le comte Grégoire Nortiz qui, prussien d’origine, passa en 1813, au service de la Russie et mourut, en 1838, aide-de-camp du Tzar Nicolas. Le comte Nortiz rédigea, quelques heures après l’évènement survenu au château du duc de Schwarzbourg-Rudolstadt le 9 octobre 1806 vers minuit, un récit qui est conservé dans les archives de la Maison des Hohenzollern11. En juillet 1832, c'est à l'Aiglon, fils de Napoléon Ier, qu'elle serait apparue la veille de sa mort. En novembre 1835, alors que le prince de Montfort résidait à Stuttgart auprès de son oncle le roi Guillaume Ier de Wurtemberg, une dame blanche serait apparue dans une galerie du vieux château, annonçant par sa présence l'imminence d'un décès. Le présage, rapporté par des sentinelles, aurait été pris au sérieux par le roi, qui s'inquiéta pour sa sœur, la princesse Catherine de Wurtemberg, mère du prince de Montfort. Celle-ci mourut effectivement à Lausanne le 29 novembre 1835. Cette même dame blanche, que la tradition présentait comme le spectre d'une folle infanticide, serait déjà apparue en 1819 à la veille de la mort de Catherine Pavlovna de Russie, seconde épouse du roi Guillaume.

En 1889, un domestique aurait vu une dame blanche rôder dans le parc de Mayerling la nuit du célèbre drame. Pendant son séjour à Caux, près de Montreux, l'impératrice Sissi prétendit, le 30 août 1898, avoir vu distinctement la dame blanche la nuit, soit 11 jours avant son assassinat à Genève.


 

Spectres

Actuellement, les dames blanches semblent avoir cessé d’annoncer les morts aristocratiques, mais elles restent très présentes en tant que fantômes de lieux (grande hantise), essentiellement dans des châteaux où elles sont fréquemment supposées garder un trésor légendaire :

« En plusieurs endroits se promènent des dames blanches, qui recherchent surtout le voisinage des anciens châteaux. »

le château de Puilaurens (France, Aude) ;

le château de Puymartin (France, Dordogne) ;

le château de Trécesson (France, Morbihan) ;

le château de la Boursidière (France, Hauts-de-Seine) ;

le château d'Arlempdes (France, Haute-Loire) ;

le château du Hohenbourg (France, Bas-Rhin) ;

le château de Pouancé (France, Maine-et-Loire) ;

le château de Landreville (France, Ardennes) ;

le château de Frœningen (France, Haut-Rhin) ;

le château de Greifenstein (France, Bas-Rhin) ;

le château de Fougères-sur-Bièvre (France, Loir-et-Cher) ;

le château de Rouelbeau (Suisse, Canton de Genève) ;

Le château de Savy-Berlette (France, Pas-de-Calais) ;

etc.


 

Dames vertes

 Il semble que les dames vertes ne diffèrent des dames blanches, qu’elles soient fées ou spectres, que par la couleur de leur vêtement. Il faut peut-être chercher leur origine dans la tradition du pays de Galles qui veut que les fées soient habillées de vert afin de mieux se cacher dans les feuillages. Il ne s’agit pas d’une variante exceptionnelle, car elles sont signalées dans de nombreux lieux :

au château du Rocher (France, Mayenne) ;

au château de Caerphilly (Pays de Galles) ;

au château de Crathes (Écosse) ;

au château de Bouillé (France, Mayenne) ;

au château de Stirling (Écosse) ;

au château de Brissac (France, Maine-et-Loire) ;

au château de Fyvie (Écosse).

Il existe également des grottes de la Dame Verte en Franche-Comté, telle celle des Nans. La dame verte est aussi présente dans le folklore picard.


 

Auto-stoppeuses fantômes

Une évolution récente du mythe de la dame blanche est celui de l’auto-stoppeuse fantôme. Il s’agit presque exclusivement d’apparitions de jeunes femmes, même s’il existe quelques cas d’auto-stoppeurs. Dans le scénario le plus courant, une jeune femme habillée en blanc fait de l’auto-stop la nuit et, après être montée dans un véhicule, disparaît brusquement, soit à l’approche d’un passage dangereux en poussant un cri d’alarme, soit en arrivant à une adresse donnée. Ce phénomène est connu un peu partout dans le monde et est généralement considéré comme appartenant aux légendes urbaines.

Contrairement aux dames blanches « fées » ou « messagères » qui sont des entités, les auto-stoppeuses fantômes semblent être toujours le fantôme d’une personne contemporaine morte accidentellement.


DAMES BLANCHES

Les dames blanches constituent une classe de fées dont quelques-unes sont graves et bienfaisantes ; d’autres sont méchantes ou simplement espiègles. Elles correspondent à la Benshie des Écossais. Lorsqu’on les rencontre au bord des fontaines et au pied des vieux arbres, c’est toujours d’un fâcheux présage. En Bretagne, il est de ces Dames Blanches qui s’introduisent dans les écuries portant des chandelles allumées. Elles laissent tomber alors des gouttes de suif sur le crin des chevaux, ce qui leur permet de le lisser avec plus de soin.

Elles agissent de même dans les contrées du Nord. En Allemagne, la Dame Blanche se montre dans les forêts et dans les prairies, et l’on prétend que dehors elle voit parfaitement clair, tandis que renfermée dans sa demeure elle est aveugle. Certaines Dames Blanches sont les protectrices de grandes familles, et elles apparaissent constamment lorsqu’un des membres de ces familles doit mourir. Telles sont entre autres les maisons de Neuchaus, de Rosenberg, de Brunswick, de Bade, de Brandebourg, de Pernstein, etc. Byron cite aussi la Dame Blanche de la famille Colalto.

S’il faut en croire les historiens contemporains, une Dame Blanche aurait contribué, en 1638, durant la guerre contre le comté de Bourgogne, à sauver la ville de Salins et à battre un corps d’armée de Louis XIII, commandé par Villeroy. « Il est remarquable, dit Girardot, l’un de ces historiens, qu’au même temps qu’on pourchassait les Français, une petite fille, nourrie au couvent des Ursules de Salins, étant près de mourir, dit aux religieuses assemblées autour de son lit, qu’elles n’eussent plus de crainte des Français, car elle les voyait fuir devant une femme blanche ».

Dans ses Traditions populaires comparées, Désiré Monnier cite un passage du journal lyonnais Le Réparateur de 1840, et affirme être frappé du singulier conflit d’idées religieuses et païennes qui se réveillèrent alors : « on reconnaîtra combien il est naturel au peuple de recourir è des prodiges pour expliquer les catastrophes qui le frappent ».

En présence des calamités que la ciel vient de faire peser sur le pays, beaucoup d’esprit sont abattus et sous l’empire d’une terreur secrète : il circule dans le peuple une foule de récits plus ou moins extraordinaires. Un correspondant du Réparateur lui adresse le résumé de tout ce qu’il a entendu raconter dans le peuple : « Voyez, dit-il, comme l’instinct populaire se rattache à tout : on vous parle de sécheresse extraordinaire qui, au printemps, a laissé nos rivières sans eau, et de cette pierre au fond du Rhône sur laquelle une main inconnue a tracé une menace qui ne s’est que trop réalisée : Qui m’a vue a pleuré, qui me verra pleurera. Les récits les plus effrayants, les contes les plus absurdes sont dans toutes les bouches. Ici, c’est le prophète de Salons, en Provence, qui annonce pour 1840 une inondation telle que les hommes n’en virent jamais depuis le déluge ; là, c’est le prince Hohenlohë qui a prédit que Lyon périra par l’eau, aussi en 1840. Les uns annoncent que, le 24 novembre, Lyon sera enseveli sous les eaux ; d’autres disent le 6 décembre. On se rit de ces sinistres prophéties ; mais on ne peut se défendre de la peur.

« On dit qu’à Grenoble, il y a quelques mois, à la veille de cette fatale année, une vieille femme apparut sur le haut de je ne sais quel clocher, tenant en ses mains deux flacons, l’un rempli d’eau, l’autre plein de sang : !’eau, vous disent les commentateurs, signifiait l’inondation ; le sang, c’était la guerre. A Fourvières, ajoute un autre, on a trouvé, la nuit, la chapelle illuminée nomme aux grands jours de fête, et la statue de la Vierge implorant, à genoux devant l’autel, la miséricorde divine en faveur de la ville dont elle est la protectrice.

« Sans doute aussi, vous aurez entendu parler d’une Dame Blanche qui s’est montrée, la nuit, sur les hauteurs, se promenant silencieusement près l’un des forts qui nous dominent. Une première fois, elle passe non loin d’une sentinelle, elle porte une coupe remplie d’eau ; au Qui vive ! du soldat, elle ne répond pas et disparaît. Bientôt elle revient, et cette fois elle porte une torche d’où jaillit une flamme livide ; même Qui vive ! Même silence ! Elle reparaît une troisième fois tenant à la main un pain ; toujours même silence ! Enfin elle revient une dernière fois un glaive flamboyant à la main. En la voyant armée, le soldat redouble ses Qui vive ! et menace de faire feu. La Dame Blanche s’arrête et répond d’une voix lugubre et solennelle : Quand j’ai passé près de toi avec une coupe pleine d’eau, c’était l’inondation et tous ses désastres ; tu vois... la torche signifiait la peste ; le pain, c’est la famine, et ce glaive, c’est la guerre. Malheur, malheur, malheur à vous tous ! Et elle disparut, sans qu’on ait pu savoir qui elle était.

« Voilà ce qui se raconte dans le peuple, et bien autres choses encore ! Ne diriez-vous pas que nous sommes revenus au Moyen Age ? Tout cela est absurde, sans doute ; tout cela est incroyable dans le siècle des lumières, au milieu d’une révolution qui prétend avoir régénéré l’esprit humain et avoir fait justice de l’ignorance et des préjugés ; mais tout cela explique la situation des esprits, et prouve jusqu’à quel point ils sont frappés de terreur. Faut-il en croire ces rumeurs populaires, et les menaces de 1840 ne seraient-elles pas toutes accomplies ? »

Selon Xavier Marmier dans ses Souvenirs de voyages, peu de traditions anciennes sont aussi généralement répandues que celle de la Dame Blanche, et se sont aussi longtemps maintenues dans la croyance non seulement du peuple, mais des gens éclairés. Qu’elle soit fondée sur un fait historique, c’est ce dont il est impossible de douter, ajoute-t-il ; seulement, les chroniqueurs diffèrent d’opinion sur l’origine de la Dame Blanche. Les uns la font descendre de la célèbre maison de Méran, et, selon eux, elle épousa le comte Henri d’Orlamund ; d’autres disent que son image se trouve dans le château de Nehaus en Bohême. Du reste, on sait que la Dame Blanche doit apparaître dans les châteaux de Berlin, Bayreuth, Darmstadt, Carlsruhe, Bade, etc. Yung Stilling en parle comme d’une chose certaine dans sa Théorie des esprits.

Or, voici ce que l’on raconte dans le pays de Bade sur la Dame Blanche : Bertha de Rosenberg épousa, en 1449, Jean de Lichtenstein. Ce mariage fut on ne peut plus malheureux ; la comtesse se sépara de son mari, et se retira avec la haine dans le cœur en Bohême, où elle fit bâtir le château de Neuhaus. L’esprit de Bertha apparaît le plus souvent pendant la nuit, quelquefois aussi pendant le jour. Elle porte une robe blanche comme celles que l’on portait de son temps ; son visage est couvert d’un voile épais, et éclairé par un pâle rayon. Ce qu’il doit surtout y avoir de terrible dans son apparition, au dire de tous ceux qui l’ont vue, est le regard fixe, perçant, immobile, de ses grands yeux noirs, qu’elle arrête en silence sur l’homme à qui elle se montre. Ce regard pénètre jusqu’au fond de l’âme et glace la pensée d’effroi. Quiconque l’a entrevue une fois ne l’oubliera de sa vie.

Quelquefois aussi la Dame Blanche apparaît avec un enfant à la main. Son apparition est toujours l’indice de la mort prochaine d’un des membres de sa famille, ou d’un grand malheur. Souvent on l’a vue se pencher sur le lit d’un jeune prince dans son sommeil, et peu de jours après l’enfant était mort. Elle se montre tantôt dans les galeries, tantôt dans la chapelle, et quelquefois aussi dans le jardin du château.


 

DAMES ROUGES
Nous ne croyons pas que les dames de cette couleur soient en grand nombre dans notre mythologie populaire ; mais Désiré Monnier en cite une qui habite une grotte du vallon de la Creuse, dans le département du Jura : elle y fait entendre des cris plaintifs, et l’on menace de cette Dame Rouge les petits enfants de la contrée qui ne sont point sages.


 

DAMES VERTES
Les Dames Vertes sont l’objet de croyances superstitieuses dans les départements du Doubs et du Jura, et qui se montrent dans les bois et les jardins. Monnier rapporte ces fées à Iana ou la Diane celtique, et désigne les lieux où elles sont le plus en réputation. Tels sont les vergers de Maizières ; les villages d’Angerans, de Relans, de Veyria, de Graye et de Gigny ; les rives des étangs du territoire de Cages, etc.

Xavier Marmier consacre à la Dame Verte cette gracieuse description : « La Dame Verte, c’est notre péri, notre sylphide, la déesse de nos bois, la fée de nos prairies : elle est belle et gracieuse ; elle a la taille mince et légère comme une tige de bouleau, les épaules blanches comme la neige de nos montagnes, et les yeux bleus comme la source de nos rochers. Les marguerites des champs lui sourient quand elle passe ; les rameaux d’arbres l’effleurent avec un frémissement de joie, car elle est la déesse bien-aimée des arbres et des fleurs, des collines et des vallées. Son regard ranime la nature comme un doux soleil, et son sourire est comme le sourire du printemps. Le jour, elle s’asseoit entre les frais taillis, tressant des couronnes de fleurs, en peignant ses blonds cheveux avec un peigne d’or, ou rêvant sur son lit de mousse au beau jeune homme qu’elle a rencontré. La nuit, elle assemble ses compagnes, et toutes s’en vont folâtres et légères, danser aux rayons de la lune, et chanter.

« Le voyageur qui s’est trouvé égaré le soir au milieu de nos montagnes a souvent été surpris d’entendre tout à coup des voix aériennes, une musique harmonieuse, qui ne ressemblait à rien de ce qu’on entend habituellement dans le monde : c’étaient les chants de la Dame Verte et de ses compagnes. Quelquefois aussi les malignes sylphides égarent à dessein le jeune paysan qu’elles aiment, afin de l’attirer dans leur cercle, et de danser avec lui. Que si alors il pouvait s’emparer du petit soulier de verre d’une de ces jolies cendrillons, il serait assez riche ; car, pour pouvoir continuer de danser avec ses compagnes, il faudrait qu’elle rachetât son soulier, et elle l’achèterait à tout prix. L’hiver, la Dame Verte habite dans ces grottes de rochers, où les géologues, avec leur malheureuse science, ne voient que des pierres et des stalactites, et qui sont, j’en suis sûr, toutes pleines de rubis et de diamants dont la fée dérobe l’éclat à nos regards profanes. C’est là que, la nuit, les fêtes recommencent à la lueur de mille flambeaux, au milieu des parois de cristal et des colonnes d’agathe. C’est là que la Dame Verte emmène, comme une autre Armide, le chevalier qu’elle s’est choisi.

« Heureux l’homme qu’elle aime ! Heureux ce sire de Montbéliard qu’elle a si souvent attendu sous les verts bosquets de Villars ou dans le val de Saint-Maurice ! C’est pour cet être privilégié qu’elle a de douces paroles et des regards ardents, et des secrets magiques ; c’est pour lui qu’elle use de toute sa beauté de femme, de tout son pouvoir de fée, de tout ce qui lui appartient sur la terre. Il y a cependant des gens qui, pour faire les esprits forts, ont l’air de rire quand vous leur parlez de la Dame Verte, et ne craindraient pas de révoquer en doute son existence. Ces êtres-là, voyez-vous, il ne faut pas discuter avec eux, il faut les abandonner à leur froid scepticisme ».

 

 

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Enquêteur paranormal

«Résoudre des mystères et comprendre le monde qui nous entoure nécessite du temps, des efforts et un bon travail d'enquête»

Ben Radford
 

Personne qui enquête à propos de la présence de fantômes, de démons, d'esprits, d'extraterrestres, de monstres marins, de chupacabras et autres choses «bizarres et étranges». (L'Association for the Scientific Study of Anomalous Phenomena (ASSAP) dresse une liste de 45 sujets d'enquête. Le Dictionnaire sceptique en compte plus d'une cinquantaine.) L'enquêteur paranormal se distingue du parapsychologue, ou chercheur psi en laboratoire, quoique certains enquêteurs paranormaux font également du travail de laboratoire.

Sur le terrain ou à distance

Certains enquêtent sur le terrain, tandis que d'autres préfèrent travailler de leur bureau, et lire les rapports de ceux de leurs collègues qui se rendent sur les lieux concernés. Le travail de bureau est essentiel, puisqu'on ne peut aller partout où il y a matière à enquête. Pour obtenir un tableau complet des enquêtes menées sur des événements dits paranormaux, il faut se fier sur les rapports d'autrui, même lorsqu'on travaille soi-même sur le terrain.

Vrais croyants, démystificateurs et négateurs

Quelques personnes acceptent ou rejettent les conclusions des enquêteurs paranormaux sans enquêter sur place ni étudier les rapports de ceux qui le font. Il peut s'agir soit de «vrais croyants», soit de «négateurs». Il est sans doute juste de qualifier de «vrai croyant» celui ou celle qui tient pour vrai les témoignages à propos de fantômes ou de monstres marins sans avoir mené d'enquête ni étudié de rapports à ce sujet. Par contre, on se trompe en appelant «démystificateur» la personne qui rejette ce genre d'affirmations sans effectuer d'enquête ni lire les rapports qui en traitent. Démystifier, c'est détromper les victimes d'une mystification, montrer en quoi ce qu'on tenait pour vrai est faux ou différent de ce que l'on pensait. Nier n'est pas démystifier, et ceux qui adoptent une telle conduite devraient plutôt s'appeler «négateurs». La démystification vient le plus souvent après enquête, quand on est en mesure d'établir les faits véritables entourant l'apparition d'un fantôme ou d'un monstre marin. Même l'enquêteur en pantoufles peut démonter les cas les plus mystérieux après avoir étudié les rapports dressés par ses collègues sur le terrain.

Depuis des milliers d'années circulent des récits à propos de phénomènes étranges, et on enquête sur eux depuis de nombreuses années, sans avoir encore trouvé de preuves concluantes que les fantômes, par exemple, existent. Quiconque connaît les histoires de fantômes et de lieux hantés et a étudié des rapports d'enquêteurs paranormaux pourrait avoir tendance à rejeter sans enquête personnelle les affirmations voulant qu'un fantôme ait été vu, ou qu'un esprit malin hante une maison. En effet, comme il n'y a aucune preuve scientifique que les fantômes, monstres marins, esprits ou extraterrestres existent, les chances qu'un signalement quelconque soit vrai demeurent minces. L'attitude du négateur semble donc plus raisonnable que celle du vrai croyant, qui accepte la véracité de ce qu'on lui raconte sans la moindre vérification. On ne devrait pas prétendre savoir que les fantômes n'existent pas, pas plus qu'on ne devrait affirmer savoir avec une certitude absolue qu'une enquête sur un lieu hanté ne pourra pas aboutir à une explication naturelle ou surnaturelle. Même un négateur devrait reconnaître la possibilité que la prochaine histoire de fantôme dont on entendra parler soit vraie, même si la chose demeure fort improbable.

Qualité variable des enquêteurs

Comme on l'a déjà dit, il y a beaucoup de sujets sur lesquels un enquêteur peut se concentrer. L'un des domaines les plus populaires ces temps-ci demeure les fantômes et les lieux hantés. Ceux qui se penchent sur ce type de cas se prétendent scientifiques et sceptiques, mais un coup d'œil rapide à leurs sites Web ou aux émissions télé sur la chasse aux fantômes, les revenants ou les esprits montre que cette affirmation ne vaut pas grand-chose.

Il y a des centaines, peut-être des milliers d'enquêteurs, en groupes ou non, de par le monde. Une recherche du terme «paranormal investigator» dans Google le 15 avril 2010 a donné 686 000 résultats. Plusieurs émissions de télé populaires aux É.-U. portent sur des gens qui enquêtent à propos de lieux dits hantés. Un enquêteur scientifique n'entame pas son travail en pensant que l'endroit sur lequel il enquête est hanté. On fait enquête pour en apprendre plus long sur ce qu'affirme autrui, de même que pour tenter de découvrir la ou les causes d'événements apparemment paranormaux. L'objectif ne devrait pas être de confirmer ni d'infirmer l'existence de quoi que ce soit.

Même la police s'y met. Larry Potash, de WGN à Chicago, a raconté que certains agents de police de la ville travaillent comme détectives métapsychiques durant leurs loisirs; ils troquent leurs armes de service pour des détecteurs de champs électromagnétiques et des caméras à infrarouge pour enquêter sur des lieux qu'on suppose hantés. L'un d'eux affirme que les revenants dégagent une énergie que peuvent capter des détecteurs de champs électromagnétiques. A-t-il lu ça dans le manuel d'instruction de l'appareil? Pourquoi ne pas employer un hygromètre? Peut-être que les fantômes dégagent de l'humidité... Ou bien une boussole? Les esprits créent peut-être des champs magnétiques qui pointent vers le nord! Les agents semblaient méconnaître le fait que les systèmes de communication utilisés par la police, de même que bien d'autres facteurs, peuvent avoir un effet sur leurs détecteurs.

On peut hocher la tête quand des hommes d'âge mûr - des agents de police - perdent leur temps à courir après des apparitions, mais les choses deviennent franchement décourageantes quand on constate qu'ils le font avec la bénédiction de leurs chefs. Quand on a rappelé aux policiers comme à leurs supérieurs que devant les tribunaux on pourrait remettre en question la crédibilité de témoignages venant de chasseurs de fantômes, le patron des policiers en question s'est contenté de dire qu'on verrait en temps et lieu.

WGN a fait plus que soulever des questions sur le travail des détectives métapsychiques et sur les effets négatifs qu'une telle activité pourrait avoir sur la confiance du public envers ses policiers, elle a fait intervenir James Underdown, du Independent Investigations Group, afin qu'il montre de quelle autre façon on peut enquêter sur le paranormal. Underdown compte sur son sens critique, outils bien plus précieux que n'importe quel détecteur, et cherche des explications naturelles aux courants d'air mystérieux, aux portes qui se referment toutes seules et aux bruits étranges.

Les flics de Chicago semblent sincèrement croire en la validité de leurs enquêtes, et ils sont prêts à subir des moqueries pour leurs activités, du moins tant que leur patron les couvrira, mais ils ne contribuent nullement à donner une bonne réputation aux enquêtes sur le paranormal.

L'enquêteur scientifique

L'enquêteur scientifique aborde son activité avec un esprit ouvert. Il rassemble et examine autant d'éléments de preuve qu'il est raisonnable de le faire, crée des hypothèses et tente de les réfuter. Oui, le scientifique tente de réfuter, et non de valider ses hypothèses. Chercher à valider ses hypothèses, c'est courir le risque de succomber au biais de confirmation, et de ne chercher que ce qui correspond à ce que l'on croit, tout en laissant de côté systématiquement les preuves contraires. Afin de garder l'esprit ouvert, le scientifique, comme tout bon détective, ne doit pas formuler d'hypothèses trop tôt, car nous avons tous tendance à vouloir confirmer nos hypothèses plutôt qu'à les infirmer. À moins d'avoir de la chance et de tomber sur la bonne réponse du premier coup, on risque d'en arriver à un ensemble de preuves convaincantes pour une théorie dénuée de fondement. (L'étude du profilage des criminels donne de bons exemples du danger que représente la formation d'hypothèses trop tôt au cours d'une enquête.) On ne saurait trop insister sur l'importance qu'il y a à rassembler des données pertinentes à l'enquête de façon à ce que nos biais ne nous portent pas à nous détourner de pistes prometteuses.

L'enquêteur scientifique connaît également l'utilisation et les limites de la technologie qu'il emploie. Ses principaux outils devraient être la pensée critique et une bonne dose de scepticisme. S'il emporte avec lui une caméra ou un enregistreur, c'est à des fins de documentation, et non comme outils d'identification d'«esprits» ou de «démons». Quand on utilise un appareil de mesure quelconque, on doit effectuer des lectures à des heures et des jours différents. Un vrai scientifique cherche d'abord à écarter toute explication naturelle et évidente des phénomènes paranormaux. Quand une porte se referme derrière lui, il ne pense pas «fantôme de grand-maman»; il pense plutôt au vent ou à la gravité. Quand des coups ou des grattements se font entendre dans la pièce du haut, il ne pense pas «esprit d'un visiteur autrefois assassiné»; il pense à des écureuils, des rats ou des branches effleurant le toit. Quand survient un changement de température, il ne se dit pas: «Satan est parmi nous»; il pense à un courant d'air ou à une caractéristique architecturale quelconque à étudier. En sentant une présence mystérieuse, il songe à des infrasons plutôt qu'à des revenants. Devant ce qui ressemble à une lumière ou une forme humaine qui se déplace sans cause apparente, il se demande si ce n'est pas son cerveau qui lui joue des tours, et s'il n'y a pas une cause matérielle à ce qu'il perçoit.

L'enquêteur scientifique effectue tout le travail de base nécessaire avant de se rendre sur les lieux de l'enquête, y compris la recherche historique et les entrevues avec des témoins. Un bon exemple nous vient de Ben Radford.

Nous apprenons que l'équipe des chasseurs de fantômes de Ghost Hunters International s'est rendue à Montego Bay, en Jamaïque, pour enquêter sur «un des lieux les plus hantés au monde»: Rose Hall, fréquenté par l'esprit d'une mégère du nom d'Annie Palmer, la «sorcière blanche de Rose Hall».

 

... Annie Palmer est en fait le personnage principal d'un roman jamaïcain célèbre, The White Witch of Rose Hall, publié en 1929 par Herbert G. de Lisser. Il n'y a jamais eu d'Annie Palmer, ressemblant ou non à la sorcière blanche. Pas d'Annie, donc pas de fantôme d'Annie. Rose Hall, la «maison la plus hantée de l'hémisphère» et même «du monde entier» n'est qu'un simple mythe que des enquêteurs négligents ont fait passer pour un fait réel.

Comme l'a déjà dit le psychologue Ray Hyman: n'essayez pas d'expliquer les choses avant de vous être assurés qu'elles ont bel et bien eu lieu.

Quelque personnes ou groupes se sont mérité la réputation d'enquêteurs scientifiques en matière de paranormal: Joe Nickell, Ben Radford, Jan Willem Nienhuys, Richard Wiseman, Chris French, Massimo Polidoro, Luigi Garlaschelli, Karen Stollznow, le Independent Investigations Group, la Skeptical Analysis of the Paranormal Society (SAPS) et une bonne partie de l'Association for the Scientific Study of Anomalous Phenomena (ASSAP). Certains pourraient se rebiffer devant ces exemples, car à l'exception de l'ASSAP, il s'agit de personnes ou de groupes liés à des organisations de sceptiques. Les sceptiques, quant à eux pourraient s'opposer à l'inclusion de l'ASSAP dans la liste en raison de l'histoire de son organisme. Si l'on comprend ce qu'est vraiment un sceptique, autrement dit, si on ne le confond pas avec un négateur, on ne devrait pas hésiter à en inclure dans la liste. Rappelons que tout bon scientifique doit être sceptique; aucun scientifique digne de ce nom ne se retrouvera dans les rangs des négateurs. Le scientifique doit garder l'esprit ouvert; il doit être prêt à se pencher sur des affirmations qui se révèleront sans doute sans fondement et à tester des hypothèses diverses dans la recherche de la vérité. Il faut reconnaître qu'il y a un peu de tout au sein de l'ASSAP. Dans le domaine des fantômes et des lieux hantés, elle semble sceptique et prête à adopter une approche scientifique. Au sujet de choses comme la régression à des vies antérieures, la vision à distance, la résonance morphique (Rupert Sheldrake est membre de l'ASSAP depuis longtemps), l'«opération lightning strike» et autres sujets paranormaux du genre, l'ASSAP penche beaucoup plus du côté des «vrais croyants».

L'enquêteur pseudo scientifique

Certains enquêteurs se montrent si peu critiques et si peu intéressés par la méthode scientifique dans leurs enquêtes qu'ils méritent le vocable de pseudo scientifiques. L'enquêteur pseudo scientifique non seulement omet tout le travail préparatoire, comme la recherche historique, si importante dans une enquête digne de ce nom, mais il oublie également de mettre la pensée critique dans sa trousse d'instruments, où il préfère retrouver toutes sortes de bidules électroniques: des détecteurs de champs électromagnétiques, des gaussmètres, des enregistreurs, des caméras vidéo (y compris celles qui peuvent filmer dans l'infrarouge), des thermomètres, des compteurs Geiger, des moniteurs de rayonnement, des baguettes de sourcier, des tableaux de ouija. Il n'hésite pas non plus à se faire accompagner de médiums. Le pseudo scientifique typique voit les fantômes comme des «esprits», des êtres non physiques qui sont passés du monde naturel au monde surnaturel, ou encore comme des «formes d'énergie» qui existent d'une façon quelconque dans l'espace, indépendamment de tout objet matériel. Il croit établir, par son travail, les preuves d'une vie après la mort. Pourtant, les outils sur lesquels il compte dans le cadre de ses enquêtes sont ridiculement inappropriés à la détection d'esprits ou d'entités immatérielles. Bien qu'il ne soit pas impossible d'imagine une énergie qui se manifeste sous une forme humaine ou animale dans certaines conditions, son existence demeure entièrement spéculative.

Outils et méthodes

Les enquêteurs paranormaux doivent savoir évaluer les données sensorielles et soupeser la valeur des observations ou témoignages. Ils devraient également connaître la nature et les limites de la technologie qu'ils emploient.

L'enquêteur qui a recours aux services d'un médium, personne qui affirme pouvoir déceler la présence d'esprits grâce à une espèce de sixième sens, montre qu'il n'est ni scientifique ni sceptique. Le médium qui lance: «Je me sens épuisé, autant du point de vue émotionnel que physique; on dirait que quelqu'un m'agrippe par les épaules» ne raconte pas forcément des histoires, mais comment savons-nous que ce qu'il éprouve a quoi que ce soit à voir avec des fantômes? Si le médium lui-même croit aux fantômes, c'est peut-être cette croyance qui est la source de ce qu'il éprouve. Malheureusement, nous n'avons aucune façon de tester de façon indépendante le lien entre les sentiments d'un médium et la présence éventuelle de fantômes.

Imaginez le prospecteur d'or qui se fait raconter par une personne se disant sensible aux métaux précieux qu'elle sent la présence du métal jaune dans la colline où notre homme songe à creuser... Sans aucun moyen de juger de la solidité du lien entre la sensation de la personne hypersensible et la présence réelle d'or au creux de la roche, pourquoi aurait-il recours aux services d'un tel auxiliaire? Au mieux, les médiums, tout comme notre personne sensible aux métaux précieux, sont inutiles dans notre quête d'or ou de fantômes.

Certains chasseurs de fantômes emploient des compteurs Geiger dans leurs enquêtes. Il s'agit d'appareils qui détectent les radiations, la conversion d'atomes ou de molécules en ions. Si les fantômes ne sont pas composés d'atomes, ils n'émettent pas de particules subatomiques. Quelles preuves a-t-on que les fantômes sont formés d'atomes? Aucune, que l'on sache. Rien, donc, ne porte à croire qu'un compteur Geiger serait utile pour détecter la présence d'un revenant. Il est particulièrement piquant de voir un tel instrument dans les mains d'un chasseur de fantômes qui croit courir après des entités immatérielles.

Dans la profession, on a parfois recours à des baguettes de sourcier, soit des tiges de bois ou de métal que les sourciers emploient pour trouver de l'eau, de l'or, du pétrole, des balles de golf, etc. Des études sur ce genre de choses ont montré qu'elles ne servaient à rien dans la recherche d'objets physiques, sauf peut-être pour soulever un coin de tapis ou un rideau afin de voir si une pièce de monnaie ne s'est pas glissée derrière. Comment peut-on croire qu'elles peuvent servir à détecter des fantômes?

Beaucoup, sinon la plupart des chasseurs de fantômes emploient des caméras vidéo et des magnétophones au cours de leurs activités. Les enregistrements qui en résultent doivent faire l'objet d'une interprétation, ce qui est particulièrement difficile avec les enregistrements sonores, comme le savent tous ceux qui sont familiarisés avec le fameux phénomène des voix électroniques. On entend quelque chose de vague et de nébuleux, et on l'identifie comme la voix d'un revenant. Ou alors, quelque chose de clair et net, qu'on identifie également comme la voix d'un revenant. Mais comment sait-on qu'il s'agit de la voix d'un revenant? Il ne suffit pas d'établir que les sons sont intelligibles et qu'ils ont été produits par une créature douée d'intelligence, il faut encore en identifier la source. Mais au lieu de rechercher les différentes origines possibles, l'enquêteur pseudo scientifique saute aux conclusions: c'est sûrement un fantôme.

À ceux qui aiment utiliser des caméras vidéo, il faut poser la question: comment peut-on filmer des entités immatérielles ou des formes non précisées d'énergie? Une caméra vidéo, même quand elle peut filmer dans l'infrarouge, semble un outil tout à fait inapproprié, à moins qu'on ne cherche à surprendre un canular ou découvrir une cause bien terre à terre du phénomène étudié. Le rouge correspond aux longueurs d'onde les plus longues du spectre de la lumière visible, mais il n'y a aucune raison de croire qu'un objet capté par une caméra à infrarouges ne soit pas tout à fait matériel et réel.* Les détecteurs à infrarouges servent pour les appareils de vision nocturne. Ils permettent de voir dans l'obscurité totale des choses qui resteraient normalement indétectables à l'œil normal (à moins d'allumer la lumière), mais ils ne donnent pas accès à un autre niveau de réalité.

Qu'en est-il des détecteurs de mouvement? On a vu des enquêteurs en relier à un écran pour surveiller un site à distance. Pour déclencher de tels appareils, cependant, il faut être un objet matériel, alors en quoi un détecteur de mouvement sera utile à un chasseur d'esprits? D'autre part, si l'on croit que les fantômes correspondent à un phénomène physique, on se retrouve avec le problème de déterminer quand le déclenchement de l'appareil est relié à ce phénomène précis, et quand il est dû à d'autres facteurs. En l'absence d'une cause apparente, il est tout bonnement trop facile de déclarer qu'on est en présence d'un fantôme!

Beaucoup d'enquêteurs ont recours à des appareils mesurant les champs électromagnétiques.

Il est possible de s'en procurer d'assez perfectionnés pour 150 $, quoique la trousse de base du chasseur de fantômes comprend plutôt la version à 50 $. Les versions les plus petites n'ont qu'une portée limitée. Encore une fois, c'est appareils décèlent ce qui est physique, ce qui émet un champ électrique ou magnétique. Si les fantômes produisaient de tels champs, on ne pourrait les distinguer d'autres objets semblables. Donc, si votre fantôme ne se comporte pas comme un téléphone cellulaire, un four micro-ondes, un émetteur-récepteur de la police ou une ampoule électrique, vous ne pourrez le détecter avec votre bidule. D'un autre côté, si votre fantôme ressemble à l'un de ces objets, comment ferez-vous pour le faire ressortir du lot? Enfilez un sarrau de laboratoire pour faire une enquête à propos d'un hôtel hanté, et vous épaterez sûrement la galerie; pourtant, vous seriez bien plus impressionnant en utilisant les outils sur lesquels devrait compter tout bon inspecteur: la pensée critique et la logique.

Dans le milieu des enquêteurs paranormaux, quelques personnes souscriront sans doute à la théorie de Michael Persinger, soit qu'il y a «de l'information véritable au sein de l'environnement» sous forme de radiations électromagnétiques qui provoquent des hallucinations rappelant l'apparition de fantômes. Le cerveau humain ne peut sentir ces rayonnements, mais certains enquêteurs paranormaux pensent qu'un détecteur de champs électromagnétiques peut les révéler. Persinger est un spécialiste de la cognition qui a réussi à provoquer, par stimulation électromagnétique du cerveau, des hallucinations chez plusieurs sujets, y compris Susan Blackmiller et Mary Roach. Selon lui, sa méthode provoque une baisse de la mélatonine dans le cerveau, ce qui mène aux hallucinations. Pour l'instant, il ne s'agit que de spéculations. Persinger pense également que les expériences d'enlèvements par des extraterrestres et les apparitions d'ovnis pourraient être provoquées par des champs électromagnétiques. Il n'y a aucune raison de penser, à l'heure actuelle, que les témoignages au sujet de fantômes sont dus à des phénomènes électromagnétiques capables d'exciter un détecteur. Maurice Townsend présente des arguments très intéressants contre l'utilité de détecteurs de champs électromagnétiques dans les enquêtes sur des phénomènes paranormaux. Lui aussi, par contre, croit à la présence d'informations dans l'environnement susceptibles d'expliquer les apparitions. Il recommande l'emploi d'un magnétomètre, mais de tels appareils sont franchement onéreux (dans les 10 000 $). La présence de champs magnétiques dans l'environnement où se font les apparitions demeure encore l'objet de spéculations. Dans ce domaine, cependant, la recherche scientifique pourrait régler la question au cours des années à venir.

L'une des superstitions les plus communes à propos des fantômes veut qu'ils n'apparaissent que dans l'obscurité ou la nuit. On peut dire que l'on a affaire à un bon enquêteur s'il travaille à la lumière du jour. Au contraire, s'il choisit de n'enquêter que la nuit, toutes lumières éteintes, on doit se demander pourquoi? Quelle preuve a-t-on que les fantômes ou les esprits n'apparaissent que la nuit, dans l'obscurité? On pourrait penser que les chasseurs de fantômes travaillent dans l'obscurité pour la même raison qu'on menait des séances de spiritisme dans le noir total: quand personne n'est capable de voir ce qui se passe au juste, il est plus facile de tromper les gens.

Esprits et technologie

La croyance que les esprits se manifestent de façon physique fait partie de nos superstitions depuis des temps immémoriaux. L'idée que des instruments scientifiques puissent détecter des esprits constitue un développement récent, bien entendu. L'un des premiers détecteurs de fantômes a été inventé en 1854 par le chimiste étasunien Robert Hare (1781-1858). Son appareil, le spiritoscope, devait servir à révéler la fraude chez certains médiums. Grâce à lui, on a pu tester la théorie de Michael Faraday, à savoir que les mouvements musculaires inconscients (action idéomotrice) des participants aux séances faisaient bouger les tables. Hare a fini par se convertir au spiritisme.

 

Sa machine n'était pas conçue pour détecter des esprits de façon directe, cependant. Il semble avoir pensé que si elle s'avérait incapable de détecter des mouvements musculaires inconscients chez la personne qui sollicitait un esprit afin qu'il déplace quelque chose, alors cet esprit était bel et bien présent. La technique de Hare est encore employée par certains enquêteurs paranormaux de la télé. Il suffit de placer un objet à l'endroit «hanté» et de demander aux «fantômes» de le déplacer ou de lui faire quelque chose pour prouver sa présence. La méthode vous paraît inepte? C'est sans doute parce qu'elle est.

Un peu plus de science et de scepticisme, s'il vous plaît

De nos jours, les chasseurs de fantômes n'inventent plus de technologie pour détecter les esprits. On préfère le plus souvent utiliser des appareils créés pour tout autre chose, puis affirmer sans état d'âme, non seulement que les esprits ou fantômes se manifestent exactement de la même façon que les objets physiques ordinaires, mais aussi qu'ils savent reconnaître quand les données obtenues indiquent la présence d'un fantôme et quand elles ne le font pas. Il y a là une hypothèse semblable à celle de la présence de psi qu'emploient leurs collègues des laboratoires: ils présument que leurs appareillages réagissent d'une certaine façon à la présence de fantômes; quand les aiguilles s'agitent dans leurs cadrans, quand les voyants lumineux s'allument, un fantôme est présent dans la salle.

Parmi les enquêteurs paranormaux qui ne semblent pas avoir d'approche très scientifique ni sceptique, on retrouve la Paranormal Research Society, à l'origine la Penn State Paranormal Research Society. En 2006, la chaîne de télé A&E s'est mise à filmer ses participants pour une émission intitulée Paranormal U, qui est devenue plus tard Paranormal State. L'émission a remporté assez de succès pour qu'on la copie à de nombreux exemplaires, dans des émissions où la pensée scientifique et critique fait chaque fois figure de parent pauvre. Entre autres groupes, il y a aussi l'Atlantic Paranormal Society, l'American Paranormal Investigations (au premier rang dans Google), Paranormalinvestigators.org (au troisième rang), la Society for Paranormal Investigation, la Virginia Society of Paranormal Education and Research, ALPHA, et des milliers d'autres semblables. La Paranormal Research Society of North America (PRSNA) possède l'adresse Web www.paranormalinvestigators.com/, ce qui lui vaut sans surprise le deuxième rang dans Google. Pour se donner un air de professionnalisme, la PRSNA stipule dans son protocole de recherche

... il est absolument interdit de fumer durant une enquête.

 

... il est absolument interdit de consommer de l'alcool avant ou pendant une enquête.

 

... il est absolument interdit d'employer un ouija ou d'organiser des séances au cours d'une enquête.

 

Nous ne prenons pas de photos dans de mauvaises conditions météo.

 

Nous ne prenons pas de photos à partir de véhicules en mouvement, à cause de la poussière qui peut être soulevée.

 

Les lentilles des appareils de prise de vue sont nettoyées sur les lieux mêmes de l'enquête avant qu'elle ne débute.

 

Il faut retirer les courroies des appareils de prise de vue ou les porter autour du cou.

 

Nous tentons de couvrir tous les miroirs ou toutes les surfaces réfléchissantes se trouvant sur les lieux de l'enquête.

 

En cours d'enquête, les cheveux longs doivent être relevés ou cachés sous un couvre-chef.

 

Les tirages de films 35 mm présentant des anomalies sont toujours comparés aux négatifs.

 

Lorsqu'une photo anormale est prise à l'aide d'un appareil numérique, plusieurs autres clichés sont faits en succession rapide du même point de prise de vue afin d'exclure toute explication naturelle.

 

On doit faire preuve de respect envers les cimetières, champs de bataille et résidences privées en toutes circonstances.

 

Il faut toujours se servir de supports d'enregistrements vierges lorsqu'on cherche à saisir des phénomènes de voix électroniques par des appareils analogiques.

 

On doit garder le silence absolu durant les séances d'enregistrement de voix électroniques, sauf dans le cas de la personne choisie pour poser des questions. Si malgré tout quelqu'un produit un bruit quelconque, on doit en donner l'explication à voix haute pour qu'on puisse identifier le bruit en réécoutant la bande.

 

La PRSNA annonce à la première ligne de la première page de son site Web: «Nous sommes un groupe d'enquêteurs et nous nous penchons sur les phénomènes paranormaux afin de rassembler des données sur les fantômes, dans l'espoir d'en prouver un jour scientifiquement l'existence». Faut-il le répéter? On ne mène pas d'enquête scientifique pour prouver l'existence des fantômes. Un tel objectif va inévitablement biaiser l'enquête.

Un choix au hasard d'enquêteurs paranormaux à partir des résultats obtenus par Google révèle que beaucoup d'entre eux ressemblent au PRSNA. Ils se disent sceptiques et scientifiques, sans aller toutefois au-delà de l'affirmation. La personne désireuse de recourir aux services de tels enquêteurs pourrait avoir de la difficulté à distinguer le scientifique du pseudo scientifique. Bien des enquêteurs ont pour objectif de trouver des clients qui leur demanderont de trouver des fantômes; ils ont donc tout intérêt à se présenter comme des gens sérieux. D'ailleurs, ils sont eux-mêmes persuadés, le plus souvent, de travailler de manière scientifique, même s'ils ne comprennent rien à la science ni aux mathématiques. Pour eux, écarter l'hypothèse d'un revenant une fois de temps en temps fait d'eux des esprits sceptiques. Comme on l'a dit précédemment, l'un des signes qu'on a affaire à un enquêteur pseudo scientifique, c'est la quantité d'appareils que la personne trimballe avec elle. Comme il s'agit le plus souvent d'outils scientifiques, créés pour du travail de recherche en laboratoire, ils dégagent une aura de scientificité. Il faut cependant répéter qu'aucun de ces appareils n'a été créé pour détecter des fantômes ou des esprits, et rien ne montre que les données qu'ils recueillent permettent de confirmer l'hypothèse de l'existence de revenants.

Pour montrer à quel point il peut être difficile de savoir si un groupe quelconque est constitué d'enquêteurs scientifiques ou non, voyons ensemble le site Web de la Rocky Mountain Paranormal Research Society. On y tente de faire passer les membres de la Société pour des esprits sceptiques et des scientifiques.

La popularité croissante du «paranormal» résultant de la manière spectaculaire dont on en traite la question dans les émissions de «téléréalité» a créé un certain nombre de problèmes que nous devons souligner. Le plus important est sans doute celui de la fraude. Les escrocs savent très bien profiter des tendances de l'heure pour dénicher de nouvelles victimes. Vient ensuite le problème de la qualité et de la légitimité de la plupart des enquêteurs paranormaux, même parmi les mieux intentionnés.

 

Un sérieux coup d'œil aux six critères suivants vous aidera à savoir à quel groupe vous devez vous adresser.

 

1. Caractère scientifique de l'approche adoptée

 

Notre intention est de découvrir la source de l'activité constatée, qu'elle soit «paranormale» ou non. La plupart du temps, les raisons que nous trouvons sont tout à fait prosaïques, ce qui permet au client de se rassurer et d'apprendre des choses intéressantes.

 

Nous sommes également parfaitement formés à l'utilisation de notre équipement.

 

2. Formation

 

La plupart des groupes ont tendance à considérer leurs appareils comme des «détecteurs de fantômes». De tels détecteurs n'existent pas.

 

Afin d'utiliser adéquatement l'équipement le plus fréquemment employé dans la recherche sur le paranormal, il faut tout d'abord comprendre ce pour quoi on l'a d'abord créé. Il n'a pas été inventé pour détecter des fantômes; comment donc l'adapter à nos besoins? Le plus souvent, nous nous en servons pour découvrir les causes tout à fait ordinaires de l'activité signalée.

 

3. Titres de compétence

 

Contrairement à la croyance populaire et à ce que laisse entendre le nombre incroyablement élevé de cours destinés à former des «chasseurs de fantômes», il n'y a pas d'«enquêteur paranormal certifié» ni de «chasseur de fantômes certifié».

 

4. Pratiques «connexes»

 

L'emploi de baguettes de sourcier, de pendules, de ouija, de cartes du tarot et autres méthodes de divination constitue un grand danger... On n'a pas prouvé que ces outils servent à quoi que ce soit dans le cadre d'une enquête ou d'une démonstration publique. On doit se servir de tels moyens de divination avant tout à des fins d'amusement et de développement personnel.

 

5. Affirmation improuvable

 

Beaucoup d'enquêteurs affirment collaborer avec la police à la résolution d'affaires inactives.

 

Jamais un service de police n'a résolu de cas à l'aide d'un médium.

 

6. Établissement des prix

 

Nous n'exigeons rien pour nos services.

 

L'éducation prend une très grande importance dans un domaine dangereusement non réglementé.

Tout cela est apparemment impressionnant, mais sous le point no 4, on peut également lire:

Dans les rares cas où nous ne pouvons trouver d'explication naturelle dans le cadre d'une enquête (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas), nous adoptons d'autres méthodes pour réconforter le client. Il peut s'agir de counseling, de purifications et d'autres méthodes de rechange. Cette pratique est rare, mais très efficace.

La mention de purifications et de méthodes «de rechange» non précisées devrait déclencher un signal d'alarme chez le lecteur. Ce ne sont pas les propos que devrait tenir une organisation scientifique et sceptique. À certains égards, celle-ci est plutôt suspecte. Par exemple, la section Outils de recherche de son site se termine sur une image qui semble tirée des petites annonces, section Chasse aux fantômes, d'un magazine ou d'un illustré quelconque. La Société affirme avoir passé des années à mettre au point «un ensemble d'outils simples mais spécialisés pour retracer des fantômes». On nous apprend également qu'à l'aide de l'équipement habituel de l'enquêteur pseudo scientifique, les membres de la Société arrivent à distinguer un vrai fantôme d'un faux (c'est-à-dire de ce qui passerait pour un vrai aux yeux d'autrui).

L'affirmation que la Société offre ses services à titre gracieux et qu'elle n'a pas de but lucratif peut être trompeuse. Beaucoup de particuliers ou de groupes ont des livres et des DVD à vendre. Quand on traite avec un enquêteur scientifique, ces produits pourraient être intéressants, sinon, ils ne constitueront qu'une perte de temps.

ASSAP

L'Association for the Scientific Study of Anomalous Phenomena (ASSAP) est située au Royaume-Uni et mérite sa propre section, ne serait-ce que parce qu'elle est très polyvalente et qu'elle existe depuis des années. L'auteur des présentes lignes veut également en parler parce qu'elle n'est affiliée à aucune organisation sceptique, comme lui [M. Carroll est associé de la CSI, membre de la James Randi Educational Foundation et membre de la Skeptics Society].

Le site Web de l'ASSAP explique que ses membres «enquêtent sérieusement sur l'étrange (et sur l'étrangement sérieux) depuis 1981». L'Association s'adonne principalement à «la recherche sur le paranormal et l'éducation du public». L'organisation se penche sur bien des choses (tout ce qui présente des anomalies), mais concentrons-nous sur son travail relatif aux fantômes.

L'ASSAP explique qu'elle se consacre «à la découverte de la vérité scientifique derrière les anomalies demeurant inexpliquées», une anomalie étant définie comme «un événement signalé pour lequel il n'existe pas d'explication scientifique largement acceptée». Le terme, apparemment, est utilisé comme équivalent du mot «paranormal». L'Association reconnaît que beaucoup d'événements paranormaux, sinon la plupart, sont dus à des erreurs de perception. Si certains sont réels, cependant, ils font partie du monde naturel et doivent pouvoir se soumettre à une démarche scientifique.

L'ASSAP rejette l'idée populaire que les fantômes sont des esprits. Après plus d'un siècle de recherche par les scientifiques, dit l'Association, tout ce que l'on peut affirmer est qu'«un fantôme (ou une apparition) est une forme humaine (mais parfois animale) que l'on voit, mais qui ne peut être présente physiquement». Elle reconnaît que cette définition fait des fantômes quelque chose comme une hallucination. D'après elle, la recherche indique qu'il y a plusieurs types de fantômes: «les apparitions en temps de crise; les fantômes liés à des souvenirs, les fantômes liés à des anniversaires, les fantômes de la route et les fantômes doués de sensibilité». Maurice Townsend, coéditeur du Paranormal Investigator's Handbook, écrit:

L'un des types de fantômes les moins controversés, semble-t-il, est celui qui est lié aux souvenirs. Nous connaissons tous des cas où le même phénomène se reproduit au même endroit encore et encore. Certains ont formulé l'hypothèse que le phénomène correspond à un enregistrement d'un événement passé qui s'est en quelque sorte inscrit dans l'environnement. L'idée est intéressante, mais personne n'a pu encore montrer de façon convaincante quel est le mécanisme à l'œuvre dans un tel cas.*

Nous avons vu plus tôt l'idée de Michael Persinger qu'un fantôme représente de l'information flottant quelque part au sein de l'environnement. Le concept de résonance morphique de Rupert Sheldrake reprend aussi l'hypothèse que l'histoire d'un endroit quelconque se trouve inscrite tout entière dans son environnement. Évidemment, on pourrait expliquer ainsi les apparitions de fantômes ou d'esprits, mais les preuves relatives à de telles inscriptions sont franchement faibles.

En fin de compte, l'ASSAP reconnaît qu'on ne sait pas ce que sont les fantômes, ce qui n'en facilite pas l'étude. En revanche, si l'on connaît le mode de manifestation d'un phénomène, on peut toujours se rabattre sur lui comme sujet d'étude. C'est la raison pour laquelle certains enquêteurs du paranormal se concentrent sur la psychologie des anomalies perceptuelles. Ils étudient ceux qui font l'expérience du paranormal, et cherchent les causes de l'événement non pas dans le monde extérieur, mais dans le cerveau de ceux qui en sont témoins. L'ASSAP recommande que les enquêteurs centrent leurs questions sur les personnes qui vivent des expériences paranormales.

Au lieu de relancer un débat stérile sur l'existence des fantômes, pourquoi ne pas poser une question d'un autre genre qui, elle, peut obtenir sa réponse - pourquoi certaines personnes disent avoir vu des fantômes? La question est toute simple, mais elle mène à des voies de recherches qui promettent, et que très peu de chercheurs du paranormal ont explorées.

 

Bien entendu, cette nouvelle question en entraîne beaucoup d'autres:

 

Quelle idée les gens qui disent habiter des lieux hantés se font-ils des fantômes, et pourquoi?

 

Que savent-ils des signes montrant qu'un endroit est hanté?

Se concentrer sur l'expérience du paranormal plutôt que se pencher sur un phénomène dont la nature même est inconnue semble une bonne idée. Toutefois, les récits personnels ne sont pas nécessairement fiables ou exacts, pas plus que les interprétations d'expériences étranges que l'on fait soi-même. Il pourrait être trompeur de déplacer le faisceau du projecteur vers le sujet de l'expérience plutôt que de recourir à des experts de la perception, du cerveau, de la mémoire, de l'interprétation des expériences, de l'établissement des liens de cause à effet, etc.

Employer l'équipement électronique pour documenter une expérience plutôt que pour chercher à prouver l'existence de fantômes - autre méthode de l'ASSAP - est également une bonne idée.

De façon appropriée, l'ASSAP se montre sceptique à propos des gadgets électroniques qu'emploient les enquêteurs pseudo scientifiques:

Quelques «fantômes» sont sans doute des hallucinations (hypnopompiques ou hypnagogiques, ou encore, dues à une paralysie du sommeil). D'autres ne sont que des personnes ou des objets que l'on prend pour des apparitions. Pour ce qui est des phénomènes qui restent inexpliqués, personne ne semble avoir utilisé des instruments de mesure quelconques pendant qu'ils se produisaient (dans le cas contraire, on ne l'a pas crié sur les toits!). Donc, même en supposant qu'il soit possible de détecter des fantômes, nous, de l'ASSAP n'avons pas la moindre idée de la façon dont on s'y prend. Si quelqu'un, quelque part, est dans le coup, qu'il communique avec nous tout de suite.

Les méthodes suggérées par l'ASSAP pour enquêter sur les fantômes et les lieux hantés semblent sceptiques et scientifiques. Elles sont détaillées dans plusieurs articles rédigés par Maurice Townsend, qui a été président de l'Association pendant 16 ans.

Les frais d'adhésion de l'ASSAP sont peu élevés, et rien n'indique, dans son site Web, que ses enquêteurs se font rémunérer pour découvrir des fantômes dans des résidences, des hôtels ou des sites touristiques, activité commune, apparemment, chez les enquêteurs pseudo scientifiques. Par contre, la formation prévue pour ceux qui désirent devenir enquêteurs ne se donne que durant une seule journée, ou au cours de rencontres de fin de semaine, et ce, une fois par an. L'ASSAP affirme pouvoir ainsi offrir à ses membres «des connaissances de base sur les techniques d'enquête, y compris l'entrevue, la recherche sur place et la veille, de même que des conseils sur la façon de traiter avec les médias relativement aux cas difficiles». Une formation aussi brève a toutes les chances d'être simpliste. On ne peut apprendre à mener une enquête scientifique en un seul jour ni en une fin de semaine. En outre, la formation semble inclure une partie sur la vision à distance et la psychokinésie, pratiques douteuses pour un enquêteur paranormal, pour dire le moins.

Chasseurs de fantômes et éthique

L'un des problèmes les plus évidents en relation avec l'éthique et les enquêteurs paranormaux qui se spécialisent dans les lieux hantés et les fantômes concerne l'équipement et les outils du métier dont on a parlé plus tôt. Vendre ces instruments en les faisant passer pour des appareils à détecter les esprits est en soi immoral. On connaît leur inefficacité à ce titre; leur attribuer une efficacité qui n'existe tout simplement pas constitue une fraude. Une loi éventuelle sur la publicité frauduleuse pour ces appareils resterait cependant sans effet, puisque les vendeurs n'auraient qu'à reformuler leurs annonces: Le produit XYZ - employé dans l'enquête sur le mystère de la maison Avery, ou Voici ce que Untel, de l'émission «La Traque aux fantômes» nous dit sur l'appareil XYZ.

D'autres problèmes viennent du fait qu'on n'exige aucune formation, certification ou licence de la part des chasseurs de fantômes, ce qui constitue une porte grande ouverte pour toutes sortes de comportements peu recommandables. Des individus ou des groupes peuvent s'afficher comme capables de déterminer si un endroit est hanté, et s'arroger en exclusivité la capacité de «purifier» l'endroit, tout en se disant les seuls habilités à se prononcer sur la qualité de leur travail. Pire, n'importe qui peut se présenter comme «expert» et offrir des cours et des certificats comme bon lui semble. Ce qui est exactement ce que Patti Starr a fait avec Ghost Chaser International. Il y a également l'International Ghost Hunters Society (de Dave et Saron Oester), qui offre une adhésion gratuite et des certificats au coût modique de 35 $ US.

 

On cherchera en vain un «enquêteur paranormal licencié», mais voici certaines caractéristiques qui vous permettront de savoir si vous vous adressez à une personne ou un groupe de bonne réputation, qui a les connaissances nécessaires pour mener une enquête adéquate. Quelle formation, quelles connaissances possède la personne à laquelle vous vous adressez en matière de logique, de science et de pensée critique? A-t-elle une formation ou de l'expérience dans le domaine judiciaire? Comprend-elle la nature et les limites de la perception et de la technologie? Combien d'enquêtes a-t-elle menées? Étaient-elles de nature diverse, ou appartenaient-elles toutes au même type? Qu'en est-il résulté? L'enquêteur a-t-il publié des livres ou des articles dans des revues ou magazines de bonne tenue? De quelle réputation jouit-il dans la communauté scientifique? Si votre type n'a mené que quelques dizaines d'enquêtes, au bout desquelles il a chaque fois découvert un fantôme, adressez-vous à quelqu'un d'autre, surtout s'il arrive chez vous avec tout un camion chargé d'équipement. Et s'il est accompagné d'un médium ou qu'il a un tableau de ouija sous le bras, vous pouvez lui claquer la porte au nez. Au contraire, s'il a mené des centaines d'enquêtes et qu'il a découvert des explications naturelles ou qu'il n'a pu conclure comme tel, vous venez peut-être de trouver la personne qu'il vous faut.

Brian Schill a rédigé un article sur l'éthique et les enquêtes paranormales pour le Haunted Times (2009). Son article a fait l'objet de commentaires intéressant de la part de l'enquêteuse Karen Stollznow, dans son essai «The Ethics of Ghost Hunting?» D'après elle, le protocole recommandé par Schill

n'est qu'une liste superficielle de règles évidentes en soi: respectez la propriété privée; n'employez ni drogues ni alcool; ne lancez pas de propos de nature discriminatoire. Bizarrement, l'article passe ensuite à des marches à suivre pour la photographie d'orbes et l'enregistrement de voix électroniques. Ensuite, la liste des «normes» commence à ressembler aux listes d'interdits qu'on affiche dans les terrains de jeu: «On ne doit ni courir ni se chamailler durant une enquête. Ce type de comportement ne convient pas dans de telles circonstances et n'est pas un signe de respect envers le propriétaire des lieux et les lieux mêmes.»

 

La création d'un code d'éthique dissimule le fait que le problème vient de la chasse aux fantômes comme telle. Ce sont les croyances, pratiques, affirmations, conclusions et traitements entourant cette pratique qui sont le plus souvent non conformes à l'éthique.

Comme il n'y a aucune façon de prouver que les résultats obtenus des chasseurs de fantômes par leurs gadgets électroniques ne sont pas causés par des revenants, il n'y a aucune façon de prouver qu'ils escroquent leurs clients. Tout tourne autour de la confiance qu'accorde le client à son enquêteur. Par conséquent, la première règle d'éthique à observer serait que l'enquêteur doit éviter de prendre part à la «purification» d'un lieu qu'il déclare hanté.

... une fois que le chasseur de fantômes a «diagnostiqué» qu'un endroit est hanté, il devient contraire à l'éthique qu'il tente de mettre fin au phénomène allégué. Certains groupes ont recours aux services de médiums, démonologues et autres praticiens du paranormal pour «traiter» les lieux hantés à l'aide de rituels de protection, de pacification de revenants, de cérémonies de purification, de bénédictions, d'exorcismes et autres spectacles hollywoodiens. Au mieux, il s'agit de placebos pour la victime apparente, et au pire, d'une forme de fraude (Stollznow 2009).

Il y a des gens qui sont véritablement effrayés à l'idée qu'il y ait des fantômes chez eux et qui agissent de bonne foi en faisant appel à un enquêteur paranormal. Ces personnes sont particulièrement vulnérables et facilement manipulables. L'enquêteur sans vergogne peut tenter de profiter d'elles par toutes sortes de promesses, mais aussi faire grimper leur niveau d'anxiété bien inutilement.

Offrir une «purification» à titre gracieux n'arrange rien, puisqu'il n'existe aucune preuve qu'une activité ou un rituel quelconque chasse effectivement les fantômes. L'exorcisme ne repose que sur des superstitions. Même si de telles pratiques servent à calmer les appréhensions du client superstitieux, rien ne peut les justifier. Mentir à quelqu'un dans le but de le tranquilliser présente peut-être des avantages à court terme, mais à long terme, un tel comportement est contraire à l'éthique et ne peut bénéficier ni à la personne ni à la société.

Que penser des entreprises touristiques comme les hôtels qui prétendent être hantés pour attirer le chaland? Elles peuvent très bien embaucher un enquêteur pour vérifier s'il y a bel et bien des fantômes qui se promènent chez elles, et certains membres de la profession sont toujours prêts à donner au client ce qu'il demande.

La traque aux revenants... se trouve encouragée par tous ces restaurants, hôtels et autres entreprises «hantés» qui mettent de l'avant leurs propres histoires folkloriques et comptent souvent sur les préjugés des chasseurs de fantômes.

 

Les problèmes d'éthique peuvent survenir quand un groupe de chasseurs de fantômes forment une «entreprise» qui fait de la publicité à propos de ses «services», qui s'attire des «clients» et qui finit par pénétrer dans des résidences privées avec le consentement de leurs habitants, voire à leur invitation (Stollznow 2009).

Selon Stollznow, «Pour se conformer véritablement à l'éthique, les chasseurs de fantômes devraient éviter les enquêtes personnelles pour ne pas se trouver mêlés à la vie privée d'autrui». D'un autre côté, un enquêteur paranormal soucieux d'éthique pourrait se rendre utile en apaisant les craintes de personnes qui croient hantés les lieux qu'elles habitent, particulièrement là où abondent des collègues moins scrupuleux qui n'hésitent pas à profiter des peurs de chacun et à offrir des exorcismes comme s'ils étaient des prêtres.

 

Voir également: Esprits frappeurs.

 

Nota: En préparant ce qui précède, l'auteur des présentes lignes a reçu un courriel d'une enquêteuse qui se prétend scientifique, apparemment, sans croire qu'utiliser des instruments électroniques pour détecter la présence de fantômes relève de la pseudo science. Quoi qu'il en soit, les préoccupations qu'elle exprime sont intéressantes.

Je suis la fondatrice de la Société XYZ pour le paranormal qu'on voit dans «XXX» (l'une de ces bandes de toqués chasseurs de fantômes). J'ai lu votre article sur l'application de la pensée critique aux enquêtes sur le paranormal, et presque tout ce que j'y ai lu m'a paru parfaitement exact. Nous n'avons aucune idée sérieuse de la façon dont on peut détecter une entité, et la majeure partie de nos outils sont, dans les meilleurs des cas, peu fiables. Notre organisation se fie effectivement sur les outils de base du métier; la seule façon de comprendre à quel point un instrument quelconque est utile, c'est de l'utiliser. Par contre, nous n'employons pas de tableaux de ouija, de médiums ni de baguettes de sourcier. Je rappelle avec insistance à nos enquêteurs que nous ne sommes pas des scientifiques, et je nous vois davantage comme des historiens ou des détectives. Notre meilleur outil est la pensée rationnelle. On fait appel à nous pour savoir ce qui se passe vraiment là où nous enquêtons, et nous nous acquittons très bien de cette mission. Nos exigences en matière de «preuves» sont très élevées. La plupart des cas qu'on nous signale sont parfaitement explicables. Malheureusement, la télé a sensationnalisé le milieu et y a attiré trop d'amateurs de sensations fortes et de croyants dogmatiques. Moi, j'ai tendance à me tourner vers des sites Web comme le vôtre quand je cherche des explications rationnelles à propos de l'inexpliqué. Il faut reconnaître qu'il y a beaucoup de lacunes dans le domaine, mais n'oubliez pas que nous ne sommes pas tous semblables. Certains d'entre nous se consacrent à la recherche de la vérité de façon tout à fait honnête.

Merci.

Fondatrice de la Société XYZ pour le paranormal

 

Date de dernière mise à jour : 06/11/2023

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