Légendes

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Fantômes et spectres de Lorraine

Le légendaire lorrain fourmille de récits de fantômes. Ceux-ci sont innombrables et il n’est presque pas une ruine ou un lieu un peu dangereux qui ne compte pas sa dame blanche ou son revenant. Ainsi, une tradition tenace rapporte que les ruines du château de Prény seraient hantées par le fantôme de Milon de Vandières, le « chevalier noir » qui, par ailleurs, défendit effectivement la forteresse en l’an 1286.

Il en va de même des revenants qui hanteraient certains cimetières ou certains marécages. Peut-être peuvent-ils être rapprochés du culâ, cet être ensorcelant, sorte de feu follet qui attire les marcheurs égarés dans les fondrières où ils trouvent la mort. Une croyance d’origine celtique voulait que les esprits des morts reviennent, chaque 31 octobre, habiter le monde des vivants. De là viendrait notamment la Rommelbootzen Naat ou « Nuit des betteraves grimaçantes », persistance de la fête celtique de Samain et qui continue de faire la part belle aux forces occultes qui parcourraient notre région.

La dame blanche, enfin, est un fantôme féminin qui se tiendrait sur le bord des routes pour prévenir d’un danger ou d’un accident. On raconte qu’il ne faut jamais lui adresser la parole, sous peine de risquer le pire. Les récits de dame blanche sont nombreux. D’aucuns prétendent qu’il s’agirait du spectre d’une femme qui, ayant perdu son mari la veille des noces, veillerait sur les garçons un peu trop intrépides. La légende reste vivace et il est étonnant de constater qu’en janvier 2017, le Républicain Lorrain avait consacré un long article à une dame blanche apparue sur les bords de l’A31 !

Des revenants en Lorraine … pour en croiser, je vous conseille de visiter quelques forts du côté de Verdun et si vous êtes réceptif, vous devriez apprécier la rencontre … ou pas
.

 

Rituel spirituel à Cocheren

Les pèlerins qui empruntent les chemins de Saint-Jacques de Compostelle situés en Moselle-Est ont pris pour habitude de faire une halte sur les hauteurs de Cocheren, là où se trouve l’ancienne chapelle Sainte-Hélène, détruite par des affaissements miniers dans les années 1990 et depuis symbolisée par un porche en verre, une plaque de marbre accrochée à un rocher et une sculpture en bois de Sainte-Hélène. C’est à ses pieds que les pèlerins déposent une croix fabriquée quelques minutes plus tôt à l’aide de prêles, plante connue pour ses vertus médicinales. La colline du Hérapel, qui culmine à plus de 330 mètres d’altitude, abrite en effet plusieurs champs de prêles d’hiver, plante très rare en Lorraine. Ce végétal peut atteindre jusqu’à un mètre de hauteur et garde toute l’année sa couleur vert foncé. 

 

L'HOMME À LA BORNE

Voici l’histoire d’un hardi jeune homme qui

vivait dans le village de Chatel. Tout jeunot, il

écoutait les vieux, le soir à la veillée, raconter

des histoires de princesses prisonnières, de

revenants tout blancs, de moines étourdis et

de seigneurs maudits. Mais toutes ces

histoires avaient un point commun: la vallée

de Montvaux où habitaient ces revenants.

A la longue, cela fnissait par l’agacer, car on

le sait, les fantômes, ça n’existe pas ! Et

penser que ces “histoires de bonnes femmes”

expliquaient pourquoi on se hâtait de rentrer

chez soi avant la tombée de la nuit, le

défrisait ! Non vraiment, il leur fallait une

leçon à tous ces peureux et il décide de

défer les mauvais esprits en partant, en

pleine nuit, dans la maudite vallée.

Tout d’abord rien ne se passe, comme il s’y

attendait d’ailleurs. Trouvant le temps long, il

est sur le point de s’en retourner se coucher,

quand soudainement, il entend derrière lui

comme une cavalcade. Il se retourne pour

voir ce qui se passe, et aperçoit alors un

vieillard aussi blanc qu’un mort, à la barbe

longue, sale, déguenillé, courbé en deux par

le poids d’une borne(de celle qui indique les

limites d’un champ) et courant vers lui.

Interloqué face à cette vision, le voilà nez-à-

nez avec le spectre. Il n’en mène pas large

mais quand ce fantôme lui lance, enroué et

essouffé, un “ où c’est qu’il faut la mettre ?” il

arrive, contre toute attente, à répliquer d’un

“Mais où que tu l’as prise” ! A cet instant, le

vieil homme se redresse, et de toute sa

hauteur (il était très grand), le regarde et

s’exclame : “MERCI !”. et lui raconta cette

histoire :

“Il y a très longtemps, j’étais un laboureur. Un

jour, au champ, le diable m’a tenté en me

souffant de changer de place la borne

limitrophe de mon champ. Mais quand je suis

mort, et parce que j’avais fait cette vilaine

action, le Bon Dieu m’a condamné à porter,

pour l’éternité, cette lourde borne. J’avais

juste le droit de demander à ceux que je

croisais, où que je pouvais la poser. Et

seulement si quelqu’un me répondait, je

pouvais la lâcher parce que ma pénitence

était enfn terminée. Depuis, cela fait plus de

100 ans que je hante cette terre à la

recherche de la bonne âme qui me libérerait

de mon péché. Mais à chaque fois que je

croisais quelqu’un, il s’enfuyait”.

Son histoire racontée, le vieillard s’évanouit

dans la nuit noire. Notre courageux jeune

homme rentre alors au village, encore

estomaqué de devoir admettre que les

fantômes existent. Et alors qu’au retour il

raconte son aventure, “les vieux”, lui disent

qu’eux aussi ont vécu la même expérience, à

la différence qu'eux, ils ont couru encore plus

vite que le spectre !

Là, notre jeune héros su aussi qu’il était

vraiment le plus courageux ! Quant à la vallée

de Montvaux, elle semble bien plus sereine

aujourd'hui, mais y-êtes-vous allés à la

tombée de la nuit ?

 

 

Chapelle Sainte-Sabine

Saint-Étienne-lès-Remiremont ( Vosges 88 )

Suivant la légende, Sainte Sabine aurait péri lors de l’invasion des Hongrois.

La légende dit qu'un barbare trancha la tête de la sainte d'un seul coup de glaive, mais qu'une force mystérieuse arracha le glaive de la main du meurtrier et le projeta dans le bassin qui où il surnagea malgré son poids. L'eau de la fontaine donnerait la force aux faibles et la santé aux malades, d’où l’invocation « O., Sainte-Sabine, faites que tout mal affine ». Elle posséderait aussi la vertu de prédire avec certitude les mariages. Les jeunes filles y jettent une épingle : si celle-ci surnage, le mariage aura lieu dans l’année

... !

Une autre tradition rapporte qu’à la même époque des huns, Sainte-Sabine, nonne du St-Mont, se retira dans la montagne pour y mener une vie érémitique et contemplative, et qu’elle mourut en ce lieu en odeur de sainteté.

Quelle que soit la tradition vraie, le lieu de « Sainte-Sabine » attira, pendant des siècles, de nombreux pèlerins. Ce pèlerinage s'y tient, chaque année encore, le 29 août (fête de Sainte-Sabine de Rome).

Carte postale environs de saint ame vosges sainte sabine ancienne chapelle du xvie siecle alt 792 m

 

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La legende de la Dame Blanche de Vertbruche [La Bresse (Vosges)]

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C'est la chose la plus sûre Que je vais mettre en chanson. Mais pour bien la déduire Trouverai-je le bon fil de l'écheveau ? Avec cela que l'échevette Est difficile à dévider, L'étoupe est encore délicate Et dangereuse à manier.

Je parle de la Femme-Blanche Qui circule dans la nuit, Et qui fut vue par deux hommes Pas crédules ni peureux; Oui, à loisir regardée De leurs yeux bien ouverts, Chicanée et malmenée Presque plus que cela ne se devait.

La terre git endormie Dans son blanc manteau d'hiver. L'étoile du berger penche Sur le bord du ciel bleu.

Dans le rond miroir de la lune On voit sourire Gossa. [visage semblant se dessiner dans la lune] Plus d'autre bruit que la rivière qui gronde; Il est minuit passé.

Deux garçons de Vologne peu sages Et trop souvent attardés, Sortent seulement du village Où ils ont été faire la veillée. En venant au Pont-de-la-Haule, Ils voient quelque chose au milieu. Est-ce quelque chose de bien réel ? De sûr ça les attend.

Pour juger l'apparence Et démêler le vrai, L'un ni l'autre ne balance Au but ils vont d'un trait. Plantés (vers) devant elle, Ils se demandent un certain temps Si elle est du Diable ou de Dieu, Quelque chose de mort ou de vivant.

Qu'elle soit une femme toute faite, Cela sans hésitation se voit De quelle étoffe ou de quelle pâte ? Ils ne pourront jamais le savoir.

Chair plus blanche que de la craie, Dure et froide comme un glaçon  Nez pointu bouche serrée ; Yeux morts, baissés sur le sol.

Pour tout vêtement une longue chemise; Tête nue et pieds déchaux; Sur la neige, par la bise; On suppose qu'elle n'a pas chaud. Mais que le froid la fasse Seulement grelotter Qu'elle soit souffrante, qu'elle se plaigne; Il ne parait signe de cela.

Ils sont maîtres un bon espace de temps De la regarder beaucoup, Jusque à tant qu'elle commence A se mouvoir tout doucement. Sa mine douce et presque triste Leur fait oublier Que de toute personne déguisée Il faut toujours se défier.

Juste elle prend (son chemin) vers leur basse. " Comment dit le plus joyeux, " Une aussi belle fille " S'en retournerait sans meneur ! "

Et sans plus de retenue Ils vont lui présenter, Comme à une femme peu honnête, Le bras de chaque côté.

Pas plus tôt approchée Qu'elle prend ses précautions  Et pas plus tôt touchée Qu'elle s'est droite et roide arrêtée.  Par quel moyen qu'ils tâchent  De la remuer d'un point, Si fort qu'ils la tirent et la poussent, Cela ne fait ni plus ni moins.

Pressé d'une rude envie D'y voir un peu plus clair, Il y en a un qui s'enhardit A lui serrer un bras. L'autre la pince de manière A lui soulever les nerfs Elle n'en fait pas plus de semblant Qu'une statue de marbre ou de fer.

« Il faut croire que la belle « Est gelée sur la place, « Ou qu'elle n'a guère de savoir faire « Pour se débarrasser de nos jeux.

« Toujours (est-il) que nous sommes des bêtes « De prétendre faire changer (d'avis et de manière d'agir) « Une femme qui a dans sa tête « De ne vouloir rien écouter. »

« C'est vrai qu'elle résiste « On peut ne pas être surpris « Mais pour qu'elle se taise, « Il faut que Dieu l'ait écrit. « Le corps roide; les lèvres fermées; « Grande, étroite, et point de poitrine apparente « On penserait qu'elle est sorcière, « Ou bien que c'est un revenant. »

« Mais cessons maintenant de rire ! « Si ce n'est pas le Diable qui te tient, « Rien ne t'empêche de nous dire « De quelle tache (lieu) tu viens; « Et puis, par quel mauvais caprice « Tu peux sortir ainsi « Presque toute nue déshabillée « Dans la neige à ces heures-ci. »

« Es-tu une personne embrouillée « Pour prendre les choses trop fort (à la rigueur)? « Une pauvre veuve délaissée « Qui ne pense plus qu'à ses morts ?...

« Serais-tu une sainte âme en peine « Envoyée par le bon Dieu « Pour remettre dans de bons sentiments « Quelque proche parent en deuil ? »

« Viens-tu réclamer des messes « Pour être délivrée tout de suite ?  « Rappeler quelque promesse « Que tu as reçue en mourant ? « On voit que tu n'es pas mauvaise ; « Parle et dis la vérité, « Sûre que nous serions bien aises « De pouvoir t'assister. »

Discours prodigués en vain, peines perdues ! Elle ne les entend déjà pas. Sans seulement tourner les yeux Elle se remet en chemin. Eux, qui ne sont pas de ceux qui craignent Les errants paisibles, A marcher aussi se remettent A côté d'elle un bon bout.

S'ils la touchent, elle s'arrête S'ils la relâchent, elle repart; Mais elle ne va pas en grande hâte; Toujours un beau petit pas.

Après avoir fait mine De prendre par la Pont-du-Void, Plus outre en amont elle chemine Jusque vis-à-vis la Meix.

Là, de la Vert'Bruche Ils entendent sortir trois cris plaintifs C'est un esprit qui l'appelle Elle s'en va en s'évanouissant.  La fête ainsi finie, De l'épouvante qu'ils en ont, Ils restent une bonne menée (moment) Les pieds cloués au sol.

Ma chanson est achevée. Nous laisserons nos gaillards, L'âme presque plus morte que vive Tirer (pousser) jusqu'au logis. Et pour ce que c'est de les croire Sur cette aventure-là, Il suffit que d'une foi sincère Ils l'ont toujours contée.

Source:  Inconnu / Bulletin de la Société Philomatique Vosgienne (1884)

Lieu:  Intersection de la Vertbruche / La Bresse / Vosges / France

Lieu:  Pont de la Haule / La Bresse / Vosges / France

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La légende de l'origine de Géradmer

Depuis le point du vue

Les peuples de l'antiquité aimaient à entourer de merveilleuses légendes le berceau de leur enfance; telle est la tradition de la louve qui allaita Romulus et Rémus, dont un simple élève de sixième connaît les faits et gestes dans ses moindres détails.

Sans avoir de prétentions aussi classiquement établies, Gérardmer n'en possède pas moins son origine mystérieuse. Lisez plutôt la Cinthyperléïade, ou l'oracle de Diane, poème épique en huit chants et trois mille trois cents vers. Cette œuvre poétique fut composée à la fin du siècle dernier par Philippe-Antoine de Chainel, seigneur du Château-sur-Perle, sis près des rives de la riante Vologne, entre Cheniménil et Docelles.

Voici la légende expliquant l'origine de Gérardmer telle que l'a conçue le poète dans sa vive imagination :

Les Titans, vaincus en Thessalie par les dieux auxquels ils avaient l'intention de ravir l'Olympe, se réfugièrent dans les Vosges. Après avoir franchi le Rhin, ils résolurent, pour assurer leur défense, d'élever à peu de distance de la rive gauche du fleuve un rempart inexpugnable. Ils formèrent ainsi la chaîne des Vosges, abrupte du côté du Rhin, en pente à l'Ouest, telles que ces montagnes existent encore aujourd'hui. Les dieux les y suivirent, les forcèrent dans leur camp qui se trouvait sur le plateau de Champdray, et les repoussèrent dans le bassin de Gérardmer où ils leur livrèrent bataille.

Les dieux et les déesses, après leur victoire, construisirent le Château-sur-Perle, et c'est là qu'ils s'assemblèrent pour juger leurs prisonniers.

Les quatre chefs des Titans: Typhon, Pélor, Hippolyte et Palibotte, furent condamnés à être enfermés à perpétuité dans des grottes souterraines, où, depuis cette époque, ils échauffent, par leur souffle brûlant, les sources thermales de Bains, Luxeuil, Bourbonne et Plombières. Les prisonniers vulgaires furent employés aux travaux de l'alimentation des forges ou des salines; Neptune construisit les cascades des Vosges; Eole souffla dans ses urnes et souleva une affreuse tempête qui vint fondre sur Gérardmer des quatre coins de l'horizon. Il y eut des tremblements de terre, et trois crevasses s'ouvrirent qui donnèrent naissance aux lacs de Gérardmer, de Longemer et de Retournemer. Des enfants furent métamorphosés en hurlins (petites perches des lacs), et ces poissons se sont perpétués depuis dans les eaux lacustres.

Vénus, en se baignant dans la Vologne, y donna naissance aux perles, jadis si célèbres, qu'a chantées le poète :
La Vologne, vray Gange de la Vôge,
Attire du Prieur et la veüe et l'éloge.
Il y voit se former et les perles et l'or,
Q'on trouve dans son sein, qui brillent sur son bord.

 

Source: Géhin, L. / Bulletin de la Société Philomatique Vosgienne (1894)

 

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La Légende de la Sorcière des Vosges, France

LA SORCIÈRE DES VOSGES

(D'après un article paru en 1853)

Une belle légende que je vous fais partager.

Lorsque Hubert arriva à la ferme , le jour touchait à son déclin ; la fête était dans tout son éclat, et la rakiotte faisait retentir la grange de ses aigres symphonies.

Le Sagar s'arrêta, un peu embarrassé de faire son entrée au milieu du bal, et chercha du regard quelqu'un à qui il pût s'adresser.

A u même instant, une jeune fille , à demi cachée derrière la meule de foin achevée le jour même, se retourna et l'aperçut : c'était Charlotte qui venait de s'échapper de la fête pour soulager son cœur gonflé de larmes. Elle essuya rapidement ses yeux , refoula ses soupirs, tâcha de reprendre l'air calme et confiant qui donnait à son visage l'influence reposante d'un ciel serein, et s'avança vers son frère avec un sourire.

En la reconnaissant, Hubert fit un geste de satisfaction, courut à elle, et, sans prendre garde à son trouble, il lui demanda précipitamment et à demi-voix où était Baptiste. Charlotte lui répondit qu'il était rentré un instant pendant les danses, mais qu'il venait de repartir de nouveau.

- Et sais-tu où il est allé ? demanda le Sagar.

- Je crois, balbutia la jeune fille , qu'il a pris... par la route de Luvigny.

- C'est cela, murmura Robert ; il sera retourné chez maître Debruat.

- Le notaire ! répéta Charlotte dont le visage s'illumina ; le croyez-vous, mon frère ?... Ah ! si c'était possible !

- J'en suis sûr reprit Hubert avec agitation ; il doit lui remettre une lettre.

- Ah ! vous me rappelez ! interrompit la jeune fille qui fouilla dans son corsage ; on en a apporté une pour vous.

- Pour moi ? donne !

- Maintenant, je me souviens qu'elle est envoyée par le notaire.

Le Sagar, qui avait parcouru le billet, ne put retenir une exclamation.

- Oui, s'écria-t-il, que l'enfer le confonde ! c' est bien de lui, et c'est ce que j'attendais ! les avertissements n'avaient pas menti ; la malédiction est sur moi.

- Qu'y a-t-il donc encore ? demanda Charlotte effrayée.

- Ce qu'il y a ? répéta Hubert les dents serrés . Eh bien... tu ne devines donc pas, malheureuse ?... Il y a que nous sommes de ceux qui sèment du froment et ne récoltent que de la litière ! que tous nos efforts ne rapportent que fatigue , et toutes nos espérances que regrets ! Il y a que le notaire me refuse le fonds des Aunes... vu qu'il aura trouvé sans doute meilleur fermier.

- Jésus ! encore un malheur ! dit Charlotte en laissant couler ses lames , un peu pour le chagrin avoué par son frère, beaucoup pour celui qu'elle cachait elle même.

- Oui, répéta Hubert qui relisait la lettre... Il me dit que je n'offre pas assez de garanties... que les terres pourraient souffrir entre mes mains ... qu' il aime mieux les confier à un laboureur ! Oh ! je comprends, je comprends ; quelqu'un de ceux qui voulaient la ferme lui auront parlé contre moi !... On lui aura répété que je n' avais ni argent, ni bonne volonté, ni vaillantise !... qui sait même si on ne m'aura pas fait une méchante renommée.

Charlotte se récria.

- Ah ! qui pourrait avoir tant de mauvaiseté ! dit-elle.

- C'est ce que je saurai, murmura Hubert en repliant la lettre et la glissant dans la poche de son gilet . Par les plaies du Christ ! je connaîtrai mon ennemi.

- Mais comment ? demanda la jeune fille.

- J'irai consulter la Marcou.

- Quand cela ?

- Tout de suite.

Charlotte parut frappée d'un trait de lumière.

- J'irai avec vous, dit-elle ; moi aussi je veux lui parler.

- En route alors, reprit le Sagar.

E t, sans se retourner vers la ferme où la musique et les cris de joie continuaient à se faire entendre , il se dirigea avec Charlotte vers le village dont le clocher pyramidait au loin dans les brumes du soir.

L a route se fit en silence . Hubert repassait dans son esprit tous ses projets formés et détruits. Il s'arrêtait avec une complaisance amère sur son nouveau désappointement ; il en cherchait la cause et en désignait l'auteur ; il avivait sourdement sa colère en se promettant tout bas une vengeance qui pût le soulager enfin de tant d'échecs immérités. Charlotte, de son côté, pensait aux confidences d'Isabeau, partant tour à tour d'un doute à un autre, et ne pouvant ni repousser ni accueillir l'espérance. Quand ils arrivèrent au village la nuit était close. Le Sagar connaissait la cabane, de la Marcou, et s'y rendit directement.

Elle était bâtie à l'écart, précédée d'une petite cour fangeuse que défendait un mur en pierre sèche , et désignée de loin par la carcasse d'une tête de cheval plantée au sommet du toit comme talisman ou comme épouvantail. La Marcou exerçait ostensiblement une profession étrange. dont l'exercice est particulier aux Vosges, celle de jeteuse de liards ; mais on la soupçonnait d'y joindre une sorcellerie moins innocente et enseignée par le démon. Les vieillards, qui avaient conservé le souvenir des traditions, ne manquaient pas de faire remarquer qu'elle fuyait la société des femmes pour celle des chépés ; qu'on la voyait conduire sa vache à l'abreuvoir, un balai à la main, et qu'elle avait sur le visage les neuf signes du sabbat. Aussi Charlotte parut-elle un peu saisie en apercevant la cabane isolée. Elle ralentit le pas et demanda à demi-voix à son frère s'il n'était point bien tard pour consulter la sorcière ; mais Hubert éprouvait une impatience mêlée de colère, qui l'aurait fait tout braver. Il continua sa route sans répondre traversa la cour et alla frapper à la porte de Marcou.

A près un moment, une voix cria de l' intérieur :

- Entre, Sagar ! je t'attendais !

Hubert tressaillit, et sa sœur devint pale.

- Elle vous a reconnu sans vous voir ! dit-elle tout bas.

- C'est preuve qu'elle saura me dire ce que je veux savoir, répliqua Hubert, chez qui la curiosité dominait l'effroi. Et il entre.

L a Marcou était une vieille femme de grande taille , aux traits durs, et dont les cheveux retombaient épars des deux côtés de son étroit bonnet. Hubert la salua avec une politesse circonspecte.

- Te voilà enfin, dit la jeteuse de liards en fixant sur lui un regard perçant ; tu as eu grand peine à venir consulter la Marcou.

- Faut croire que je n'avais rien à lui demander, répliqua le Sagar, qui s'efforçait de garder son air d'assurance.

- Ou plutôt que tu avais peur pour ton âme, dit la vieille avec amertume ; car il y en a qui me soupçonnent de mauvaise magie comme s'ils ne me voyaient pas fréquenter l' église , et comme si je n'avais pas chez moi les bonnes figures et l'eau sanctifiée !

E n prononçant ces mots, elle indiquait du regard une image grossière collée au mur, près d'un de ces petits bénitiers de faïence surmontés d'une croix. Hubert s'inclina en signe de respect, mais parut embarrassé. La demande qu'il voulait faire à la Marcou relevait bien un peu de ce qu'elle venait d' appeler la mauvaise magie, et il commença à craindre que la sorcière ne s'en tint pour offensée. N'osant donc la faire de prime abord, il la pria, après quelques instants d'hésitation, de jeter le liard pour lui faire connaître le moyen de vaincre la mauvaise chance qui le poursuivait.

- Soit fait selon ton désir, dit la vieille, au nom de Dieu et en ta propre intention.

Elle referma alors la porte au verrou , prit un plat de terre qu'elle remplit d'eau, fit le signe de la croix, murmura quelques conjurations ; puis, la main gauche appuyée sur le balai et un genou en terre, elle se mit à murmurer à voix basse la litanie des saints, en jetant à chaque nom, dans l'eau consacrée, un liard qui lui rejaillissait dans la main. Enfin, au nom de saint Jean, le liard s'élança par dessus son épaule, et alla rebondir à la muraille.

Aussitôt elle se redressa.

- Tu as ta réponse, dit-elle à Hubert ; le liard t'ordonne de faire un pèlerinage à la chapelle de saint Jean ; et, comme il a ressauté cinq fois, il t'avertit de présenter les cinq offrandes, c'est-à-dire la cire, la toile , l'argent, les œufs, et les oignons.

- Est-ce tout ? demanda le Sagar.

- Sauf une messe que tu ajouteras au commencement de chaque saison.

Hubert la remercia, et lui mit dans la main une pièce d'argent. Le don était sans doute le plus riche qu'elle ne s'y attendait, car ses traits durs s'éclairèrent, et elle sourit au frère de Charlotte.

- Bien, bien, dit-elle en faisant disparaître la pièce de monnaie ; celui qui récompense sera récompensé ! Suis l'ordre du liard, et le mauvais sort qu'on a jeté sur toi s'en ira en fumée.

- C'est donc vrai qu'on me l'a jeté ? demanda le Sagar.

- La vieille fit un signe affirmatif.

- Et que j'ai un ennemi qui me poursuit pour prendre tout mon bonheur ?

- Tous les chrétiens en ont un, répliqua la sorcière.

- Mais on peut le connaître, ajouta Hubert plus bas ; vous avez ce pouvoir, la Marcou ?

Elle voulut protester.

- Vous l'avez, interrompit-il avec énergie ; l'anabaptiste qui est mort il y a un an vous a légué le miroir de magie où l'on peut voir celui qu'on cherche, voleur ou ennemi ! Laissez-moi y regarder, et ceci vous appartient. Il présentait tout l'agent remis par Mme Fournier et sa compagnie : les yeux de la vieille femme étincelèrent.

- Tout ! répéta-t-elle en allongeant ses doigts crochus comme des serres de vautour.

- Tout, dit le Sagar qui faisait sonner les pièces dans le creux de sa main.

- On ne peut te résister, mon fils, s'écria la vieille ; donne, donne !

- Quand j'aurai vu, répliqua Hubert qui retint l'argent avec une certaine méfiance.

- Viens donc, dit la Marcou ; mais là, au fond : le miroir ne peut être vu par deux êtres baptisés à la fois.

Elle entraîna le Sagar aux pieds du lit, derrière un grand rideau de coutil bleu, tandis que Charlotte restait assise à la même place et toute saisie. Il y eût une assez longue pause pendant laquelle la sorcière se mit à murmurer des paroles confuses.

- Vois-tu ? demandait-elle par intervalle.

- Pas encore, répondit Hubert.

Mais tout à coup il poussa un cri :

- Je vois ! je vois ! dit-il. Ah ! damnation ! je m'en doutais.

- Ne le nomme pas, ou tout est perdu ! interrompit la sorcière.

- Non, non ! s'écria le Sagar, vous avez raison ; mais je l'ai vu, j'en suis sûr ; c'est lui... Prenez, prenez, la Marcou ! Ah ! j'en sais assez maintenant !

Il avait jeté l'argent dans le tablier de la vieille, et se précipita hors de sa cabane. Charlotte effrayée s'élança sur ses pas ; mais il avait déjà disparu. Il courait vers Luvigny, dans une sorte d'égarement de rage, en murmurant des mots entrecoupés.

- Lui ! toujours lui ! répétait-il... Partout avant moi pour me dépouiller !... L'autre année, c'étaient les bois de la petite Combe qu'il m'enlevait... puis ça été l'entreprise de charroi pour la fabrique... aujourd'hui, c'est le fonds des Aunes !... En voilà assez !... Tant qu'il sera là, le mauvais sort me tiendra à la gorge... la Marcou l'a bien dit... par la vraie croix ! Il faut en finir !

Comme il prononçait ces derniers mots, il arriva devant la porte du notaire et heurta quelqu'un qui venait de passer le seuil. Son nom répété avec une expression joyeuse lui fit relever la tète : c'était le jeune fermier. A sa vue il poussa un cri,

- Toi ! dit-il en serrant son bâton. Ah ! c'est le bon Dieu qui te met sur mon chemin ! D'où viens-tu ?

- Ne le voyez-vous pas ? répliqua gaiement Baptiste je viens de chez M. Debruat.

- Payer la ferme du fonds des Aunes, n'est-ce pas ? s'écria le Sagar.

- Tiens ! vous savez la chose ! répliqua le fermier.

- Et tu as réussi ? demanda Hubert, la voix étranglée.

- Voilà le bail ! s'écria joyeusement Baptiste en agitant un papier plié en quatre.

Le coupeur de bois recula.

- Par le vrai Dieu ! tu n'en profiteras pas ! s'écria-t-il hors de lui.

Et, levant à deux mains son bâton de houx, il en asséna au jeune homme un coup terrible. Baptiste tomba tout étourdi.

Hubert allait redoubler, quand Charlotte se précipita entre eux avec un grand cri, et jeta ses deux bras au cou de son frère. Celui-ci fit un effort pour se dégager.

- Laisse ! répétait-il, fou de colère ; sur ta vie, laisse ! il faut que j'en finisse avec le brigand...

- Ecoutez-moi ! répondait la jeune fille qui continuait à le retenir... Hubert... malheureux ! que t'a-t-il fait ?

- Tu le demandes ! s'écria le Sagar, quand il vient de m'ôter ma dernière espérance... le bail du fonds des Aunes.

- Moi ! dit Baptiste qui revenait à lui. Hélas ! pauvre her homme ! Je vous l'apportais.

Le sagar se retourna.

- Que dis-tu là ? demanda-t-il en tressaillant.

- Je dis, reprit le fermier, qu'après avoir lu, par erreur, le billet qui vous refusait le fermage, j'ai heureusement rencontré une brave bourgeoise qui connaissait M. Debruat, et qui a consenti à lui écrire ; si bien qu'il m'a accepté pour caution, et que je courais vous porter votre titre de fermier du fonds des Aunes.

I l tendait le papier timbré à Hubert, qui le prit machinalement, s'approcha de la fenêtre du rez-de-chaussée, à travers laquelle brillait la lampe du notaire, et lut son nom en tête de l'acte. Là où il avait soupçonné la concurrence acharnée d'un voisin, il n'y avait eu que le zèle d'un ami.

Le reste se devine sans que nous ayons besoin de le dire. Après les témoignages de repentir du sagar, et le généreux pardon de Baptiste, tous deux regagnèrent la ferme, où l'explication se compléta. Le jeune homme avoua à Hubert que son dévouement, dans toute cette affaire, n'avait point été aussi désintéressé qu'il pouvait le croire, et qu'il avait surtout voulu, en servant le frère, s'assurer l'amitié de la sœur. Charlotte, saisie de ce bonheur inespéré, se jeta dans les bras du sagar, qui tendit les deux mains à Baptiste en maudissant la sorcière dont les mensonges avaient failli les perdre tous. Mais le fermier l'arrêta.

- Pardonnez-lui, dit-il doucement ; elle est vieille, elle est pauvre, et vous l'avez tentée ! La vrai cause de tout le mal est dans l'idée que les hommes peuvent connaître ce que Dieu a voulu cacher. Croyez-moi, mon frère, ne vous inquiétez plus de visions ni de sorcières ; contentez-vous de vivre honnêtement sous les commandements du Maître du ciel et de votre conscience.

- Pour ma part, c'est ce que je ferai désormais, ajouta Charlotte en riant, ne fût-ce que pour éviter l'application du proverbe de la montagne, qui dit « qu'il faut moins se défier des esprits que des gens qui n'en ont pas. »

 

La Légende de la Sorcière des Vosges, France - Quilaztli, un petit monde  d'histoire

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Le mystère du Christ de Sierck-les-Bains

Le 31 août 1985, un coiffeur du village fait une découverte hallucinante.

Sur un mur, une tâche d'humidité a pris la forme du visage de Jésus Christ. Depuis, Sierck est surnommé le "Lourdes" de la Moselle et les curieux affluent.

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Le 31 août 1985, Paul Huther, rentre de la fête de la mirabelle à Metz.

Dans la Grande-rue, il jette un coup d'oeil à la façade d'un immeuble.

Depuis 2 ou 3 ans, suite à un dégat des eaux, s'y trouve une tâche d'humidité. Mais là cette tâche a pris une forme nouvelle : des yeux, le nez, la bouche, des cheveux. C'est un visage.

Paul le scrute davantage et soudainement il y met un nom.

C'est Jésus-Christ qui vient d'apparaitre sur le mur de cette maison de Sierck-les-Bains.

Il en parle autour de lui et sa découverte se répand comme une trainée de poudre et Sierck Les bains est envahie par une foule de curieux et de croyants.

Le village envahi par plus de 30 000 personnes est même surnommé le "Lourdes de la Moselle." Des architectes, des experts se penchent sur le phénomène.

Mais aucune explication scientifique n'est avancée.

Une découverte toujours inexpliquée

Les plus croyants estiment de leur côté que cette appparition est liée à la présence à Sierck-les-Bains, d'un édifice religieux hautement symbolique : la chapelle de Marienfloss, où fut crée en 1415 un célèbre rosaire. Aujourd'hui l'engouement n'est plus tout à fait le même, mais ce qui est surprenant voir mystérieux,  c'est que ce visage du Christ n'a pas disparu. Ni les aléas climatiques, ni l'usure n'ont altéré cette image apparu il y a 28 ans sur ce mur défraichi du centre-ville. Et le Christ de Sierck est entré dans le patrimoine de la ville.

https://www.youtube.com/watch?v=fokhWllcgRI

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Le Sotré

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Tous les pays possèdent des lutins, des génies, les uns gais, bienfaisants et serviables, les autres jaloux, méchants et moqueurs.
Les premiers, heureusement, prédominent, mais ils empruntent parfois au caractère des seconds.

Comme les humains, ils ne représentent pas la perfection.

On peut même dire, en évoquant le célèbre mot de Voltaire à propos de Dieu et de l'homme, que les campagnards, en créant les lutins à leur image, on fait que ceux-ci le leur ont bien rendu.

En Europe, ces êtres ou esprits occupent surtout la partie septentrionale du continent, et, en France, on les rencontre plutôt dans les montagnes.
Appelé Elf, Drow, Brounie, en Scandinavie et en Ecosse; Kobold, Trolle, en Allemagne ; Korrigan, en Bretagne ; Gobelin, en Normandie ; Servant, Esprit-servant, en Suisse, dans le Bugey et la Franche-Comté ; ou encore Fouletot, Follet, dans cette dernière province, le lutin devient le Sotré, nommé aussi Sotrai ou Soutrai, en Lorraine, où il hante plus particulièrement les Hautes-Vosges.

Le Sotré, dont le nom, issu du patois, signifie sorcier, est généralement assez bon, affable, serviable, en même temps que susceptible et espiègle. S''il va tourmenter les fées de Landaville, ou accompagner le diable dans ses tournées, ou, encore, pousser les gens dans un précipice, ce ne sont là qu'exceptions, un peu comme si, chez les humains, le gendarme devenait voleur ou le médecin criminel. Sauvé le dépeint comme " un petit bonhomme laid, difforme, aux pieds fourchus. Tantôt il se montre vêtu d'une houppelande rouge et coiffé d'un bonnet noir, tantôt il porte une houppelande noire et un bonnet rouge. Bien que sa taille ne dépasse guère celle d'un enfant à la mamelle, il est doué d'une force extraordinaire. Malicieux et enjoué, on le dit bon et serviable à ses heures, mais, aussi, gourmand, quelque peu pillard et paillard, curieux, effronté, vindicatif. Bammert le décrit pas plus haut qu'un enfant de cinq ans, laid, difforme, velu, vêtu d'un sarrau noir bordé de rouge et coiffé d'un bonnet rouge et pointu. Pour Pitz, il porte un habit et un chapeau rouges, des sandales de cuir. Enfin, Adam, qui lui en voulait sans doute de s'attaquer à ses chères fées de Landaville, le montre avec des cornes, une grande queue des pattes de bouc, et malpropre au point de salir tout ce qu'il touche : le fils du diable, en somme ! Nous voilà donc, avec tous ces portraits, bien renseignés sur le Sotré, tant au physique qu'au moral.

Le jour le Sotré se tapit et sommeille dans le fond d'un puits, les roseaux d'une rivière ou d'un étang, ou encore...dans un clocher; et, pour hanter ce dernier refuge, il doit probablement se munir de boules Quiès ! Notre lutin possède la faculté de se rendre invisible, de se faire si petit qu'il peut aisément se faufiler par la chatière d'une porte, ou même par le trou de la pierre à eau ( ancien évier ).

La nuit, lorsque tout repose, le Sotré se livre à de nombreuse activités. Si l'on entend un meuble craquer, le plancher grincer, on peut se rendormir tranquillement : le lutin fait sa ronde, examine si tout se trouve à sa place, si nul incendie ne risque de se déclarer.
Quand une servante lui plaît, il balaie le logis, lave la vaisselle, l'essuie, la range et, vers le matin, allume le feu et bat le beurre; et la fille à son réveil, est toute ravie de trouver son travail fait, et très correctement . Par contre, s'il n'aime pas la domestique, il répand de la poussière sur les meubles, perce le fond des casseroles et des pots, met des cheveux dans le beurre, urine dans les seaux de lait, faire tout ce qu'il peut pour lui attirer les reproches et la colère de ses maîtres.

Le Sotré s'occupe aussi des animaux. Il éveille les chevaux, leur donne à boire, à manger, les étrille, mais s'amuse quelquefois à emmêler leur crinière. Il apporte du fourrage aux autres bêtes de l'étable, renouvelle leur litière, trait les vaches, et l'on dit que celles dont il prend un soin particulier donnent beaucoup de lait, sont grasses et en bonne santé, tandis 'que les autres deviennent ou restent maigres, peu productives. C'est encore lui qui fait téter les veaux, qui éloigne belettes et renards des poulaillers, qui retire les mauvaises herbes du trèfle et de la luzerne destinés aux lapins. De plus, si l'on a ramassé des champignons, il est bon, le soir, de les laisser à la grange. En vrai expert, le Sotré éliminera ceux qui sont vénéneux, les jettera sur le fumier, et l'on pourra déguster les autres en toute tranquillité. Dans la nuit, quand un enfant s'agite, pleure, puis se calme, c'est le Sotré qui est venu le bercer, lui fredonner une douce chanson à l'oreille. Si le lutin se prend d'affection pour un marmot, on peut être sûr que celui-ci aura de l'esprit, du cœur, de la santé, de l'adresse, de la chance. Le Sotré aime tant les enfants qu'il lui est arrivé, dit-on, d'en emporter quelques-uns. Où ? Personne ne le sait. Il se plaît à leur donner une bouillie qu'il prépare avec du lait et on ne sait quoi d'autre, car elle présente un aspect noirâtre ; pourtant, elle s'avère très fortifiante.

Le Sotré, si friand de leur lait, a une singulière façon de traire les vaches : il commence par leur enlever les cornes ! Et si on le dérange durant son travail, il s'en va et ne les remet pas en place. D'ailleurs, si l'on vient à surprendre notre lutin, que ce soit à l'étable, au logis ou autre part, il faut agir comme si on ne le voyait pas et s'abstenir de lui adresser la parole ; sinon, il se fâche et peut devenir méchant. Un jour, dit Gazin, " une femme dont il soignait l'enfant lui ayant parlé, il s'enfuit en jappant comme un jeune chien ". Pourtant, si l'on en croit Richard, " à Sapois, on le chassait en lui adressant de dures paroles.
Aussi étrange que puisse paraître, le Sotré a horreur du rouge, qui est pourtant la couleur de ses habits. Pour l'éloigner des lieux qu'il fréquente, il suffit d'y suspendre un chiffon rouge. On dit qu'une branche de houx placée à l'écurie, opère le même résultat. Notre lutin n'aime pas la malpropreté, sur lui comme sur les autres. Il se montre volontiers coquet.
A Gerbamont, une bande de sotrés fréquentait autrefois la campagne, et le plus petit avait coutume d'accoster le premier venu pour lui demander comment il trouvait son chapeau. Il ne faisait pas bon, alors, dire du mal de cette coiffure, ou se moquer de celui qui la portait : le Sotré devenait soudain d'une humeur massacrante, et l'on pouvait redouter sa vengeance. Au contraire, s'il recevait des compliments, on était assuré d'avoir en lui un allié.

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La fee polybotte

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Le diable et le vent autour de la cathedrale de strasbourgLegende 1

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Une maison occupée par des esprits rue Foch ?

Il y a 110 ans, des esprits seraient venus faire du tapage dans la petite maison d’un machiniste, située dans l’actuelle rue Foch. Retour sur cet épisode grâce à des vieilles coupures de presse. Josy Fossati, mémoire vivante de Moutiers, a des doutes sur cet événement.

C’était il y a 110 ans. Une histoire de fantôme avait perturbé une famille tranquille de Moutiers. Si aujourd’hui plus personne ne se souvient des faits, de vieilles coupures de presse rappellent ce passé traumatisant pour les habitants.

« Des bruits de roulement et des souliers qui bougent »

Des esprits seraient venus faire du tapage dans la petite maison d’un machiniste, située dans l’actuelle rue Foch. « Des bruits de roulements prolongés provenant du grenier et de la cave entre 4h et 5h du soir », selon un article de L’Est Républicain du 17 janvier 1909, ont poussé la mère du foyer à « un état de transe continuelle et ont rendu le petit garçon de 5 ans malade, tant il a eu peur ! »

Dans les combles, « un trou de 25 cm, dans le mur séparant le grenier de la famille de celui du voisin et, solidement bouché à plusieurs reprises avec de vieux souliers, s’obstinait à rester ouvert »

Les souliers étaient alors mystérieusement retrouvés au milieu de la pièce…

Paranormal ou mauvaise blague ?

Plutôt terre à terre, la famille de l’ancien propriétaire de la maison émet des doutes quant à l’occupation des lieux par des esprits. « Il y a des choses qui ne collent pas ! », s’exclame Josy Fossati, mémoire vivante de Moutiers. « Déjà à l’époque, il faut se dire que les chaussures étaient très chères ! Quelle drôle d’idée que de vouloir boucher un trou avec un objet qui coûtait une semaine de salaire… », explique-t-il avec pragmatisme.

Pour lui, la piste de la mauvaise blague reste plus probable. « Il n’y avait pas de télé pour se distraire le soir… alors l’imagination allait bon train et les blagues entre voisins aussi. Dans la même rue, il y en avait un autre farceur ! » « Plus haut, un homme avait inventé des fantômes avec des draps ! », s’amuse-t-il.

La frayeur de la famille, elle, était bien réelle !


Halloween 1

 

Unnamed 1

 

 

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Date de dernière mise à jour : 11/04/2024

Commentaires

  • Anonyme

    1 Anonyme Le 06/03/2024

    Super toutes ses légendes, merci de nous les faire partager :) & merci au groupe GPV88 un super groupe dans les Vosges
    gpv88

    gpv88 Le 06/03/2024

    Merci pour l’intérêt que vous portez à notre Groupe. Cordialement . Mr CARVAJAL Alexandre
  • Alex88

    2 Alex88 Le 27/09/2022

    Très intéressant
    gpv88

    gpv88 Le 06/03/2024

    Merci pour l’intérêt que vous portez à notre Groupe Cordialement . Mr CARVAJAL Alexandre

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